2022
Cairn
Jessica Salaün et al., « Les récifs artificiels, un outil évolutif pour l’aménagement du milieu marin : approche géographique en France métropolitaine », Norois, ID : 10670/1.8t5mz4
Parmi les outils d’aménagement côtier destinés à la gestion des milieux marins, les récifs artificiels (RA), dont le Japon a initié et généralisé l’utilisation pour le développement des ressources halieutiques dès le xviie, ont été implantés en France métropolitaine pour la première fois en 1968. Depuis, une cinquantaine de projets d’aménagement côtier a vu le jour, dans des contextes territoriaux, environnementaux et socio-économiques, très différents. Fort de ces cinquante années d’expérience, il est proposé une revue des caractéristiques des RA par une approche géographique de leur déploiement en France métropolitaine. D’un point de vue chronologique, trois périodes d’immersion se distinguent : une période propédeutique d’expérimentation des RA, suivi d’une période de multiplication des sites de RA et enfin d’une période d’innovation de l’outil et des usages, poussée par une pression socio-environnementale de protection de la nature. D’un point de vue spatial, ces implantations sont très hétérogènes d’une façade maritime à l’autre, avec une diversité forte en Méditerranée et moindre en Manche. Ces variations peuvent s’expliquer par des rapports culturels à l’environnement divergents, notamment dans les modes de gestion des zones de pêche (telles que les prud’homies en Méditerranée), ou des différences morpho-géologiques des côtes (présence de substrats durs naturels ou d’épaves) et des différences dans les orientations des pêcheries (pêche côtière, hauturière, mono-spécifique, état des stocks des espèces d’intérêt halieutique). D’un point de vue sociogéographique, les immersions de RA ont été initiées pour 70 % des cas par des pêcheurs et cofinancées dans 72 % des cas par les collectivités territoriales à l’échelle régionale. Malgré une absence de planification à l’échelle nationale, les sites de RA en France ont réussi à voir le jour en s’appuyant sur les acteurs territoriaux et locaux. Enfin, cette étude montre comment les RA, en tant qu’outil d’aménagement, créent une dynamique territoriale d’échanges entre les acteurs locaux afin d’assurer une gestion durable et pérenne du territoire marin côtier.