2017
Cairn
Jonathan Viger, « Les relations internationales comme champ d’analyse de la pensée politique : Rifâ‘a Al-Tahtâwî et la genèse d’une modernité alternative en Égypte », Critique internationale, ID : 10670/1.8telpr
Cette analyse revient sur la fracture existant entre la discipline des relations internationales et l’histoire intellectuelle à la lumière, tout d’abord, de l’histoire globale, croisée et connectée ; ensuite, des relations internationales ; enfin, de la traductologie et du « voyage » des idées. L’objectif est d’identifier, par le biais d’un approfondissement de l’approche du développement inégal et combiné, les mécanismes constituant le contexte international comme un champ particulier de causalité dans l’analyse de la pensée politique. Comment les interactions géopolitiques entre différentes sociétés sont-elles perçues par les acteurs sociaux qui en font l’expérience ? Comment cette perception affecte-t-elle leur identification personnelle et la définition de leur communauté, et motive l’importation, l’appropriation et la redéfinition d’idées politiques étrangères ainsi que la production de nouvelles significations. Ce cadre d’analyse est développé via l’étude de la pensée politique de l’intellectuel égyptien Rifâ‘a Al-Tahtâwî (1801- 1873). L’argument central est que la pensée de Tahtâwî représente une tentative de construction d’un projet de modernité autre formulé à travers un engagement dans le contexte géopolitique de l’époque, marqué par les conséquences de l’invasion napoléonienne, le déclin de la position de l’Égypte ottomane dans la hiérarchie internationale et l’accession au pouvoir de Muhammad ‘Ali.