Médecins et maladies dans les romans africains de Paule Constant

Fiche du document

Date

2020

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licence

info:eu-repo/semantics/OpenAccess



Citer ce document

Corinne Grenouillet, « Médecins et maladies dans les romans africains de Paule Constant », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.8vxxtm


Métriques


Partage / Export

Résumé 0

Les cinq romans « africains » de Paule Constant ("Ouregano", 1980 ; "Balta", 1983 ; "White Spirit", 1989 ; "C'est fort la France !", 2013 ; "Des chauves-souris, des singes et des hommes", 2016) mettent l’accent sur un type social peu représenté dans la littérature française contemporaine : le médecin colonial, et sur sa parenté avec le médecin humanitaire d’aujourd’hui. Autour de cette figure, Constant convoque tout un personnel romanesque, de la soi-disant sorcière au chercheur spécialisé en politique sanitaire en passant par l’agent sanitaire, l’interprète et les religieuses missionnaires. Ce personnel médical est en rapport avec l’obsession de la maladie qui caractérise l’œuvre de Constant, et sa réflexion sur les traitements possibles en Afrique : les maladies négligées, lèpre, rage ou trypanosomiase, y sévissent toujours, dans le contexte d’une scandaleuse insuffisance de moyens, dont les plus vulnérables – les femmes et surtout les enfants – font les frais (dans la réalité et dans les romans de l’écrivain). Notre article s’intéresse à un événement particulier que Constant a révélé au grand public dans "C’est fort la France !", un accident de « lomidinisation » (injection réalisée dans le cadre d’une campagne de lutte contre la maladie du sommeil) qui coûta la vie à plusieurs dizaines de villageois à Yokadoma au Cameroun en 1954. Cet événement a été étudié de près également par Guillaume Lachenal dans "Le Médicament qui devait sauver l’Afrique : un scandale pharmaceutique aux colonies" (2014). Cet historien devient même un personnage du roman "Des chauves-souris, des singes et des hommes". Nous mettons en évidence la différence entre deux conceptions de la médecine ; d’un côté (Constant) elle est vue comme la manifestation de l’humanité et du dévouement des médecins, de l’autre (Lachenal), comme une entreprise de contrôle politique des populations (Lachenal). Les romans de Constant construisent une interprétation et une logique spécifiques de ce drame sanitaire dans lequel son propre père tint dans la réalité un rôle de premier plan. Le dernier d’entre eux discute la thèse de Lachenal d’une médecine asservie aux impératifs économiques et coloniaux. Insistant au contraire sur la difficulté à soigner, hier comme aujourd’hui, comme sur les « succès de la colonisation dans le domaine médical » (selon les mots de l’historien burkinabé Jean-Paul Bado), les romans de Constant offrent une vision continuiste de l’exercice humaniste de la médecine occidentale en contexte colonial et post-colonial.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en