29 novembre 2019
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Déborah Dubald, « Capital(e) Naturel(le) : une histoire des musées municipaux d'histoire naturelle, 1795-1870 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.8w6lm7
Cette étude, qui porte sur les musées municipaux d’histoire naturelle de Nantes, Lyon et Toulouse de 1800 à 1870 environ, propose une histoire des musées analysés dans leurs configurations sociales, spatiales mais aussi environnementales. Enracinée dans une histoire sociale des pratiques scientifiques, cette enquête révèle la pluralité et la plasticité contextuelle des musées d’histoire naturelle.L’engouement pour les pratiques de collecte au XIXe siècle et l’accumulation d’objets de collection expliquent en partie l’évolution de la forme muséale. Cependant, les transferts de collections de lieux en lieux et de mains en mains, le passage vers la propriété de la municipalité, ainsi que les projets et insuccès permettent d’étudier à nouveaux frais des musées qui apparaissent simultanément en (re)composition et en décomposition. Le contraste entre la nature instable du musée municipal d’histoire naturelle et des représentations d’une science immuable dans des espaces neutres et parfaitement maîtrisés devient dès lors évident.Il ne s’agit pas d’écrire ici l’histoire d’un proto-musée d’histoire naturelle qui serait advenu dans sa forme finale autour de 1870, mais bien d’analyser un moment précis d’une histoire à la temporalité plus longue. L’objectif est ainsi de déconstruire le grand récit de l’avènement d’une institution-modèle parfaite, en mettant en exergue la fluidité, l’inachèvement et les particularismes de chacun des trois musées d’histoire naturelle qui forment le cadre de cette étude. En approchant les musées du point de vue de leur quotidien, cette thèse explore la construction des espaces géographiques et sociaux des musées en montrant qu’elle est le résultat de processus d’occupation, d’insertion et d’appropriation des espaces de la ville.Loin d’être tissées d’un ensemble d’objets et de savoirs déconnectés du monde, les pratiques naturalistes propres au musée et la construction des savoirs naturalistes comme capital impliquent également des pratiques de terrain et des interactions avec une pléiade d’acteurs, naturalistes ou non. C’est ainsi que le musée émerge comme un lieu de savoir qui s’étendait bien au-delà des seuls murs de son bâtiment.En considérant l’espace provincial depuis lui-même plutôt que depuis la capitale, en s’extrayant d’un modèle géographique centre/périphérie qui rendrait toute comparaison avec les musées analysés ici peu satisfaisante, ce travail examine les modalités de construction de l’autorité savante et la façon dont elle est négociée dans le jeu des hiérarchies scientifiques et administratives. L’observation de la conservation des objets et savoirs naturalistes dans les musées municipaux d’histoire naturelle révèle autant de formes locales de normes et de cadres de référence, produit d’un subtil arbitrage entre prise en compte des échelles universelles des connaissances scientifiques et particularismes locaux. Dès lors qu’ils sont placés, les savoirs naturalistes apparaissent dans leur fluidité.