2011
Cairn
Jacques Planchon et al., « Deux exemples de fortifications romaines dans les Alpes occidentales : le Néron (Isère) et le Pic-de-Luc (Drôme) », Dialogues d'histoire ancienne, ID : 10670/1.8whnmf
La comparaison des deux sites perchés de la fin du IIIe siècle et du début du IVe, sur des voies de pénétration alpines, l’un, le Néron, surplombant Grenoble et la vallée de l’Isère, l’autre, le Pic-de-Luc, surplombant l’ancienne capitale Luc-en-Diois et la vallée de la Drôme, fait apparaître bien des similitudes : présence de citernes avec d’importantes capacités, de différents bâtiments, ainsi que de fortifications comptant au minimum une tour. Les deux sites sont également munis de voies d’accès aménagées sur des terrains difficiles. Leurs caractéristiques amènent à les considérer comme des établissements destinés à contrôler les grandes voies alpines, avec une vocation de type militaire. Certains de ces éléments étant communs à d’autres sites de la vallée de l’Isère et pressentis sur d’autres emplacements du haut bassin de la Drôme, l’ensemble de ces sites des vallées pénétrantes de la Drôme et de l’Isère invite à énoncer l’hypothèse d’un système de défense établi sur les accès menant aux grands cols alpins occidentaux. Cette hypothèse, qui n’est qu’une piste de recherches à documenter par le terrain, trouve cependant quelques arguments dans le contexte historique alpin aux IIIe et IVe siècles. Plusieurs événements précurseurs concourent à envisager les Alpes comme un nouvel enjeu stratégique dès la fin du IIe siècle, lors de la sécession de Clodius Albinus, puis au moment des incursions des Alamans au milieu du IIIe siècle. Mais c’est surtout avec l’« Empire Gaulois » de la fin du IIIe siècle, puis l’arrivée d’un préfet des Vigiles dans la région grenobloise, qu’un tel système de défense sur les Alpes, entre Gaules et Italie, a pu apparaître utile dans les stratégies impériales.