2004
Cairn
Sophie Ponthieux et al., « Les écarts de salaires entre les femmes et les hommes en Europe : Effets de structures ou discrimination ? », Revue de l'OFCE, ID : 10670/1.8xmbo9
Dans les pays de l’Union européenne en 2000, les salaires féminins représentent de 80 % à 95 % des salaires masculins en termes horaires, de 65 % à 80 % en termes mensuels. On propose une mesure des composantes de l’écart des salaires mensuels dans dix pays de l’Union européenne (Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, France, Italie, Irlande, Grèce, Portugal et Royaume-Uni). Une méthode standard est appliquée pour évaluer d’abord, dans ces écarts de salaires, ce qui n’est pas attribuable à des différences de caractéristiques des individus et/ou des emplois qu’ils occupent ; c’est ce que l’on appelle « discrimination salariale ». Le reste de l’écart est lui-même décomposé en quatre éléments : capital humain, nombre d’heures de travail, secteur/qualification des emplois, et une composante secteur public. L’enseignement majeur est la grande disparité des pays, dans l’amplitude des écarts des salaires mensuels, dans la composition de ces écarts et dans la combinaison de ces deux indicateurs : un écart élevé ne va pas forcément de pair avec une forte discrimination salariale. En ce qui concerne les quatre composantes de l’écart expliqué, la différence la plus forte provient, sans surprise, du nombre d’heures de travail, nettement supérieur pour les hommes, et ce dans tous les pays étudiés. Un autre effet, celui-ci favorable aux femmes, est quasi-général : celui de l’emploi dans le secteur public. La part de chacune des composantes n’est cependant pas uniforme d’un pays à l’autre ; l’objectif commun de resserrer les écarts de salaires entre les femmes et les hommes ne saurait donc être atteint par des politiques publiques identiques dans tous les pays. Toutefois, partout se pose la question des « choix » offerts aux femmes. Les dispositifs fiscaux, l’offre de garde d’enfants ou les modalités du congé parental peuvent s’avérer désincitatifs, en particulier si les caractéristiques des emplois sont peu attractives. On peut aussi souligner qu’il y a sans doute à gagner du côté du partage des responsabilités familiales au sein des couples ; la réduction des inégalités sur le marché du travail passe aussi par des changements hors du marché du travail.