2020
Evelyne Jacquelin, « Doubles et incestes adelphiques dans Les Élixirs du diable, d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1815-1816) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.8z6tju
L’œuvre d’Hoffmann amplifie la noirceur « gothique » héritée du Moine de M. G. Lewis : les péchés mortels prolifèrent durant cinq générations, notamment sous la forme d’incestes répétés, et l’Éros adelphique est toujours lié à une violence criminelle, expression majeure de cette vocation peccamineuse par ailleurs incarnée dans la figure du double maléfique. Toutefois, ce dernier motif se scinde : à la tentatrice incestueuse répond l’âme sœur rédemptrice, comme une autre potentialité du moi. Or, le désir qu’inspire et partage celle-ci trouve son origine dans des figurations picturales. La sublimation de la chair, proposée comme voie salvatrice en termes chrétiens, renvoie donc in fine au rapport à un idéal esthétique : la religion des Élixirs est aussi celle de l’art théorisée par le romantisme d’Iéna.