Etude nasofibroscopique des mouvements du larynx durant les phases de disfluence produites par des personnes qui bégaient

Résumé Fr

L’objectif de cette proposition est de mettre en avant les spécificités du comportement laryngé de locuteurs qui bégaient (PQB) durant des phases de disfluences et ce, en utilisant des données endoscopiques. En effet, si plusieurs études (Fujita, 1966 ; Freeman et Ushijima, 1975 par ex.) ont montré une activité anormale du larynx durant les disfluences sévères produites par des PQB, peu d’entre elles se sont fondées sur images prises en nasofibroscopie, malgré le fait que ces dernières offrent une vue directe sur le mouvement laryngé.Deux PQB et un locuteur de contrôle ont été recrutés dans le cadre de cette étude qui s’est déroulée à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (Paris). Une sonde flexible, reliée à un endoscope Kay Pentax (modèle RlS 9100l), a été introduite dans une narine de chaque sujet afin d’observer l’activité du larynx. Parallèlement à cela, la parole produite par les PQB et le locuteur de contrôle a été enregistrée à l’aide d’un microphone raccordé au dispositif nasofibroscopique. Chaque sujet avait à réaliser les tâches suivantes : production des voyelles tenues [i] et [a], lecture silencieuse, lecture avec un feedback auditif retardé, lecture sans feedback auditif retardé, parole spontanée sans puis avec feedback auditif retardé et, pour les PQB, parole spontanée en utilisant des techniques d’aide à la fluence (ERASM,…). Les vidéos obtenues ont été analysées à l’aide du logiciel Sound Forge 10.0a dans le but de pouvoir étudier le son et les images de manière synchronisée.Les données nasofibroscopiques révèlent la présence de spasmes au niveau du larynx durant les disfluences (Monfrais-Pfauwadel et al., 2005). Ce spasme peut prendre la forme d’une contraction de la cavité pharyngo-laryngée, accompagnée par des mouvements d’ouverture et de fermeture inappropriés des aryténoïdes. Par ailleurs, un accolement très fort des plis vocaux a été remarqué. Des tremblements de la racine de la langue et des mouvements verticaux et anarchiques du larynx ont également été constatés en phases de disfluence. Les vidéos révèlent également que les gestes laryngés sont plus fluides lorsque les PQB utilisent la technique de l’ERASM ou lorsqu’ils parlent avec un feedback auditif retardé. Aucune fermeture en triple plicature n’a été observée pendant ces mêmes disfluences, invalidant ainsi l’hypothèse de Valsalva proposée par Parry (2009) pour expliquer l’apparition du bégaiement (Monfrais-Pfauwadel et al., 2005 ; Hirsch et al., 2008). BibliographieConture E., McCall G. & Brewer D. (1977) Laryngeal behavior during stuttering.Journal of Speech and Hearing Research, 20, 661–668.Freeman F. & Ushijima T. (1978) Laryngeal muscle activity during stuttering. Journal of Speech and Hearing Research, 21, 538-562Monfrais-Pfauwadel M.C., Tromelin O., Mougin A.L. & Ormezzano Y. (2005) Utilisation des explorations multimédia synchrones dans l'objectivation des événements laryngés lors des bégayages, Revue de Laryngologie, Otologie, Rhinologie, 5, 126 (5), 341-345 Parry W. (2000) Understanding and Controlling Stuttering, National Stuttering Association (Eds), réed. 2013, 306 p.Hirsch F. Monfrais-Pfauwadel M.-C. Sock R. (2008) Observing irregular laryngeal Behaviour in Stutterers, European Symposium on Fluency Disorders, Antwerpen, 18-19 avril, communication affichée.