La science-fiction au miroir du mythe dans les récits brefs de Günter Kunert

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15 juillet 2022

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Yves Iehl, « La science-fiction au miroir du mythe dans les récits brefs de Günter Kunert », Textes et contextes, ID : 10670/1.906546...


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Günter Kunert, un des auteurs de l’ex-RDA les plus connus et les plus critiques à l’égard du régime est-allemand, a eu recours au registre de la science-fiction afin de dénoncer le caractère totalitaire de cet État à travers des situations quasi archétypales de violence, de crise, d’oppression d’inspiration mythique et notamment biblique. Cette conjonction des thèmes propres au registre de l’anticipation et à l’univers du mythe a inspiré certains de ses meilleurs récits brefs. Elle lui a permis notamment d’établir une analogie entre l’optimisme scientifique du monde occidental au XXe siècle, en particulier celui de la RDA, et le caractère souvent prérationnel de la pensée mythique. Un des mythèmes récurrents de ses récits est la nostalgie du paradis perdu, celui que constituent notre planète et sa richesse naturelle peu à peu épuisée par la surpopulation et la surexploitation de ses ressources. On le retrouve aussi bien dans « Andromède hors saison », de 1976, où toute une population affaiblie par les pénuries attend d’émigrer vers de nouveaux horizons aux ressources prometteuses, que dans « Adam et Evam » (1984), où une guerre nucléaire éclair interdit à deux astronautes en vol géostationnaire dans l‘espace toute possibilité de retour sur Terre, ou dans « Bouteille à la mer » (1984) où l’épuisement des ressources de notre planète favorise l’émergence d’un régime totalitaire particulièrement inhumain. Dans ces trois récits, le mythème du paradis perdu s’associe à celui de l’exode et/ou de l’extermination, perspective monstrueuse à peine suggérée dans « Andromède hors saison » mais nettement affirmée dans le récit dystopique « Bouteille à la mer », où l’extermination des citoyens ensuite transformés en sources de matières premières ou d’énergie est soigneusement planifiée. Dans une perspective un peu différente, le récit « Adam et Evam » associe, sur un mode cocasse et presque farcesque, aux mythèmes bibliques de la chute et de l’exode ceux de l’apocalypse et de la création démiurgique de la femme à partir d’une côte d’Adam. L’échec de la mission impartie aux deux astronautes d’assurer la perpétuation et la survie de l’espèce humaine en transformant l’un d’eux en femme dans un but explicite de reproduction montre bien à quel point le mythe devient pour Kunert un instrument de subversion littéraire des plus sarcastiques.

Günter Kunert was one of the best-known East-German authors and he ranked among the most critical ones of the ex-GDR ; he used the themes of science-fiction combined with the biblical myth to denounce the East-German totalitarianism and dictatorship. This convergence of science-fiction and biblical myths inspired some of his best short stories and enabled him to draw a comparison between the scientific optimism of the western civilisation of the 20th century and the prerational character of the mythic mind. His short stories deal with the recurrent mythic theme of the longing for the lost paradise, that is to say the paradise of the natural abundance provided by our planet Earth that is gradually depleted by overpopulation and overconsumption. This theme occurs in “Andromeda out of season”, published in 1976, in which a population weakened by shortages longs to emigrate to some other planet with a preserved and opulent nature, in “Adam et Evam” (1984) where two astronauts in geostationary space flight cannot return to Earth since it has been destroyed by a lightning nuclear war, or in “Message in a bottle” (1984) where the exhaustion of natural resources paves the way to the emergence of a radical inhuman totalitarianism. These three short stories combine the mythical motifs of the lost paradise and the exodus with the theme of extermination of mankind, which is discretely present in the background of « Andromeda out of season » but clearly stated in “Message in a bottle”. In that tale, the citizens are executed so as to be transformed and make up for raw material and energy shortages. In a rather different way, “Adam and Evam” resorts to some other mythical motifs from the Apocalypse of John and from Genesis like the demiurgic creation of the woman from a rib of Adam. The two astronauts cannot complete the mission they have been assigned in a case of emergency like this namely to turn a man into a woman through an operation in order to reproduce the biblical couple and ensure the survival of mankind. In that way, Günter Kunert uses science-fiction and myth as undeniably sarcastic instruments of literary subversion.

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