Nouvelles hypothèses pour le portrait de violiste de la collection Henry Prunières : Alfonso della Viola par Pier Francesco Foschi ?

Résumé Fr

Dans le volume 5 de la revue "Musique-Images-Instruments" que nous avions consacré en 2003 aux Musiciens, facteurs et théoriciens de la Renaissance, nous avions publié un "énigmatique" portrait d'homme qui appartenait à notre ami René Prunières (1925-2019) qui le tenait de son père, Henry Prunières (1886-1942), le célèbre musicologue.Quel pouvait en effet être le métier de ce personnage d'âge mûr, tenant une basse de viole à six cordes de la main gauche et un compas de la main droite. Pouvaiti-il être un luthier ? un musicien ? un théoricien? Vêtu d'une toge sombre fermée par des petits boutons circulaires et garnie d'un riche et long rabat de fourrure, il porte une toque de lettré et deux bagues d'or ornées d'une pierre. Il semble observer le frettage de son instrument. Nous avions finalement écarté l'hypothèse d'un portrait de luthier en favorisant celle d'un théoricien que nous avions laissé dans l'anonymat, peint par un artiste du nord de l'Italie, dans les décennies 1520-1540. En 2020, alors que nous découvrions les collections du Palais Fesch à Ajaccio, la proximité entre le portrait de la collection Prunières et un portrait d'ecclésiastique peint par Pier Francesco di Jacopo Foschi (1502-1567) qui y est conservé nous a permis de reprendre ce dossier. En effet, pose, corpulence, sévérité, élégance de l'habillement et du couvre-chef, intériorité de l'expression, délicatesse des mains, mise en valeur des bagues et des attributs (ici le livre, là le compas), éclairage d'intérieur nous ont semblé détermiant pour proposer ce rapprochement. D'autres portraits de lettrés peints par cet artiste florentin confortent cette hypothèse. Quant à l'identification du personnage avec Alfonso della Viola (ca 1508-1572/1573) qui fit carrière à la cour de Ferrare, son parcours comme musicien virtuose et théoricien, et sa notoriété telle que relevée en 1543 par Sylvestro Ganassi dal Fontego dans sa Regola Rubertina, Lettione seconda, puis dix ans plus tard par le compositeur et théoricien Luigi Dentice, plaident en faveur de cette hypothèse d'identification.