2021
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Nathan Rousselot, « Entre stigmates et entorses: la cérémonie de remise des lettres de créance d'Eirik Labonne au président de la République espagnole Manuel Azaña », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.90d078...
En octobre 1937, le Quai d’Orsay décide de rappeler son ambassadeur en Espagne, Jean Herbette, qui résidait à Saint-Jean-de-Luz, en France, depuis le début de la guerre civile espagnole (1936-1939). Il nomme à sa place Eirik Labonne, qui prend son poste à Barcelone, où le gouvernement espagnol vient de s’installer. Le retour d’un ambassadeur français en Espagne est accueilli avec beaucoup d’espoir et de satisfaction par les autorités républicaines qui souffrent de l’isolement international qui accompagne la politique de non-intervention. Elles espèrent, avec l’arrivée du nouvel ambassadeur dans la capitale catalane, une réorientation de la politique extérieure de la France. Mais en nommant Labonne, cette dernière cherche à limiter son réengagement en privilégiant la recherche d’une médiation internationale. Ces attentes et ces objectifs différents apparaissent au grand jour à l’occasion de la cérémonie de remise des lettres de créance de l’ambassadeur français au président de la République espagnole, Manuel Azaña. À l’aide de la sociologie des interactions d’Erving Goffman, il s’agit alors de souligner l’importance qu’occupent les règles et les rituels qui se déploient à l’occasion de cette cérémonie : loin d’être un simple vestige de pratiques anciennes, la cérémonie de remise des lettres de créance conserve une signification politique et symbolique déterminante dans la légitimation des acteurs et des institutions qui y participent.