Distinguer sans séparer. La définition aristotélicienne de la vertu éthique

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En Éthique à Nicomaque II 4-6, Aristote entend donner une définition cohérente de la vertu éthique. Cependant, de manière assez surprenante, la dernière étape de la définition mentionne le phronimos et par son intermédiaire la sagesse pratique ( phronêsis), qui est une vertu intellectuelle et non une vertu éthique : la vertu éthique est « une disposition à décider ( hexis proairetikê), située dans un juste milieu relatif à nous, déterminé par la raison, et comme le déterminerait le prudent ». Pour résoudre cette énigme, on soutient ici que la recherche d’une définition de la vertu éthique est en partie motivée par le débat autour de l’unité de la vertu. En disant que la vertu éthique est proairetikê, Aristote réserve une place à la sagesse pratique dans sa définition. Ce faisant, il renforce sa propre conception de l’unité (ou réciprocité) des vertus : une distinction sans séparation.

In Nicomachean Ethics II 4-6, Aristotle aims to provide a consistent definition of ethical virtue as such. However, quite surprisingly, the final step of the definition mentions the phronimos and thereby practical wisdom ( phronēsis), which is an intellectual virtue and not an ethical virtue : ethical virtue is « a state concerned with choice ( hexis proairetikē) lying in a mean relative to us, this being determined by reason and in the way in which the man of practical wisdom would determine it ». To solve this puzzle, this paper argues that the search for a definition of ethical virtue is partly motivated by the debate about the unity of virtue. In saying that ethical virtue is proairetikē, Aristotle makes room for practical wisdom within its definition. By doing so, he reinforces his own conception of the unity (or reciprocity) of the virtues : a distinction without separation.