22 septembre 2023
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Laurent Gauthier, « Une nouvelle cliométrie pour l'histoire ancienne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.925e71...
Cette thèse propose de relier l’analyse économique formelle au détail des sources his- toriques anciennes, prolongeant ainsi la cliométrie traditionnelle, grâce aux développe- ments récents qui ont associé cliométrie et complexité. La plupart des approches économiques de l’histoire ancienne relèvent des analytic narratives, plutôt que de la cliométrie, faute de données. Nous proposons un nouveau cadre épistémologique pour la cliométrie, reposant sur la complexité : nous soutenons qu’elle ne doit pas nécessairement se concentrer sur l’économie per se, mais peut opérer sur des sources historiques primaires, et peut aborder un ensemble beaucoup plus large de périodes et de sociétés, en s’appuyant sur des modèles microéconomiques. Nous nous concentrons sur le cas de la Grèce ancienne et montrons que nous pouvons placer de nombreux documents historiques, désormais disponible sous forme électronique, dans un cadre économique. Nous nous penchons ensuite de manière plus approfondie sur deux aspects particuliers de la société grecque antique : le choix des noms, et le choix des dieux. Nous développons un modèle économique qui rend compte de l’existence des noms, comme un moyen d’échange d’information, et nous étudions le choix optimal des noms dans ce contexte. L’impact du choix stratégique des noms a une influence sur la distribution de ces noms. En confrontant les résultats théoriques aux données empiriques des périodes archaïque et classique, nous montrons qu’un degré de conformisme dans les choix de noms explique la forme particulière de la distribution des noms dans les données. Enfin, nous nous intéressons au choix optimal de quel dieu adorer, en fonction de la stratégie présumée des dieux pour rendre des faveurs aux fidèles, et nous rapportons cela à une forme de mesure de l’efficacité divine. Les données d’un grand nombre de sources épigraphiques et littéraires sur les actes votifs des Grecs anciens montrent que les distributions de ces actes suivent effectivement des lois de puissance avec un haut degré de régularité, tel que le prédit le modèle.