8 juillet 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Mathieu Lejeune, « Étudier une architecture difficile d’accès grâce aux outils numériques : l’exemple de la flèche de la cathédrale de Senlis (Oise) », Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, ID : 10670/1.92gh6n
Culminant à 80 m de hauteur, la flèche de la cathédrale de Senlis a depuis longtemps suscité l’admiration, sans pour autant bénéficier d’une étude architecturale précise en raison de sa position abrupte. La numérisation de la tour au moyen d’un scanner laser 3D en 2015 a permis d’ouvrir la voie à une analyse détaillée de la structure. Pour s’accorder avec les préceptes de l’archéologie du bâti, l’utilisation des outils numériques et l’interprétation des résultats doivent se faire dans la prudence et être constamment croisés avec les observations in situ. Le recours à l’archéologie spatiale, à savoir l’évaluation des déformations subies par les édifices grâce aux numérisations 3D, développée par Andrew Tallon dans la dernière décennie, apporte un nouvel éclairage sur les conditions d’édification ainsi que sur l’évolution de la flèche dans le temps. En outre, l’étude du comportement mécanique, réalisée grâce à un modèle 3D de la flèche soumis à des phénomènes informatiquement reproduits, comme le vent ou le poids propre, étaie des questionnements auparavant limités, notamment sur le rôle des pinacles. Ces perspectives d’études offertes par les techniques de numérisation et de calcul encouragent ainsi fortement l’interdisciplinarité en histoire de l’architecture médiévale.