2010
Cairn
Olga Inkova, « Les « intraduisibles » : question de langue ou de culture ? », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.935b05...
Aujourd’hui, tout un courant de pensée a remis au goût du jour – et à juste titre – les écrits de Wilhelm von Humboldt sur les langues en tant que « visions du monde » singulières ( Weltanschauungen). C’est parce que chaque langue découpe l’univers à sa manière que l’intraduisibilité serait la caractéristique fondamentale de toute traduction, aucun mot ne correspondant exactement à aucun autre dans une autre langue. Une telle analyse n’est pas, en soi, fausse, mais elle demande à être sans doute relativisée. L’intraduisibilité trouve également sa source ailleurs : autrement, on ne s’expliquerait pas pourquoi, au sein de la même langue, un mot est susceptible de changer de sens selon l’époque où l’on se situe. Enfin, les structures linguistiques ne sauraient être rigides : elles sont, au contraire, d’une extrême malléabilité. C’est ce que montre l’analyse du champ sémantique des termes signifiant « liberté » en russe, svoboda et volja, dont le second est souvent qualifié d’intraduisible.