L’accompagnement : entre idéalisation, épuisement et créativité

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De nombreux métiers, cadres organisationnels et institutionnels ont à assurer la prise en charge et l’accompagnement des migrants aux différents temps de leur vie en exil. Privilégiant tantôt des critères juridico-politiques, tantôt des critères socio-sanitaires, ces cadres de travail posent la question des marges de manœuvre, des espaces de jeu à construire pour soutenir les épreuves de la confrontation avec des expériences de dénuement, d’effroi, de sidération, face à ce qui s’est vécu « là-bas » et/ou ce qui se vit « ici », et du travail toujours exposé aux risques du « sale boulot ». Les enjeux de reconnaissance sont essentiels : reconnaissance du sujet au-delà de la catégorie à laquelle il est assigné (étranger, demandeur d’asile, sans papier, mineur isolé, travailleur immigré…), mais aussi reconnaissance des pratiques professionnelles, non pas seulement au prisme des règles de métier, mais du travail de culture résistant aux formes de déshumanisation contenues dans les modes et dispositifs « d’accueil ». L’intensité des affects, des tensions psychiques, des conflits et de la souffrance éthique peut conduire à l’épuisement, voire à l’effondrement. Ce qui interroge les ressources collectives pour penser un agir toujours incertain comme les voies de subversion des empêchements ou dévoiements qui pèsent sur l’activité.

Many professions, organizational, and institutional settings are required to ensure the care and support of migrants at different times of their life in exile. Sometimes favoring legal-political criteria, sometimes social-health criteria, these working frameworks raise the question of the room for maneuver, the spaces of play to be built in order to support the challenge of confronting experiences of deprivation, fear, astonishment at what was experienced «there» and/or what is experienced «here,» and work that consistently exposes people to the risks of «dirty work.»The issues of recognition are essential: recognition of the subject in the category to which he or she is assigned (foreigner, asylum seeker, undocumented, unaccompanied minor, immigrant worker, etc.), but also recognition of professional practices, not only through the prism of professional rules, but also through cultural work that resists the forms of dehumanization contained in the various modes and systems of «welcoming.»The intensity of affects, psychological tensions, conflicts, and ethical suffering can lead to exhaustion and even collapse. This questions the collective resources for thinking about an ever-uncertain form of action such as the means of subverting the impediments or deviations that impact negatively on the activity.

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