2024
Cairn
Arthur Guichoux, « Le politique est dans la place : La dynamique de la spontanéité dans les mouvements 15M, Gezi, Nuit debout », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.93fkfb
Pour qui refuse de réduire la démocratie au gouvernement représentatif, les mouvements d’occupation de places comme le 15M (Espagne, 2011), Gezi (Turquie, 2013) et Nuit debout (France, 2016) constituent un gisement d’expériences précieux. Souvent présentés à l’aune du renouveau et de l’inattendu, ces rassemblements protestataires posent la question de la spontanéité des mouvements sociaux à travers leur contexte d’émergence, le rôle des collectifs pionniers et l’influence des parcours d’engagement. Davantage que des mouvements structurés dans le temps, les occupations de places renvoient à des espaces fluides où circulent novices et virtuoses de la contestation. La mise en regard des expériences individuelles retrace comment les mobilisations « prennent » et échappent aux groupes qui les initient sous l’effet conjugué de la surprise et du retour de flamme répressif. Le texte dialogue ensuite avec les analyses théoriques de la « démocratie de la place publique » et nuance le prisme délibératif souvent apposé sur les « mouvements de places ». Ce qui se joue sur les places espagnoles, turques et françaises tient davantage à l’expression d’un refus collectif de celles et ceux qui partagent la condition de gouvernés que d’une revendication d’autogouvernement, ce qui n’enlève rien à la portée politique de ces actions contestataires.