La cité introuvable. Saint Thomas d’Aquin et les deux cités

Résumé Fr En

L’interprétation reçue de la pensée politique de Thomas d’Aquin la situe dans une prise de distance à l’égard de l’héritage augustinien, et en particulier vis-à-vis d’un usage politique du thème de la cité de Dieu. Afin de vérifier la pertinence d’un tel jugement, rien ne valait un examen attentif, d’une part, de tous les usages que Thomas d’Aquin fait du thème des deux cités tel qu’il se trouve présent dans la Cité de Dieu, et d’autre part de toutes les références à la Cité de Dieu qui ont une portée politique pour Thomas d’Aquin. Le résultat de ce repérage textuel est formel : une cité de Dieu à usage politique est effectivement introuvable chez Thomas d’Aquin, et la référence à la Cité de Dieu est un moyen pour Thomas d’Aquin de puiser à la source antique en matière politique, aux antipodes, donc, de toute forme d’« augustinisme politique ».

The received interpretation regarding Thomas Aquinas’ political thought, is that it parts with the augustinian tradition, particularly with regards a political use of the theme of the city of God. In order to verify the correctness of such a judgment, nothing could replace a careful analysis of all the uses that Thomas Aquinas makes, of the theme of the two cities as it appears in the City of God on the one hand, and all the references to the City of God within the works of Thomas Aquinas with a political significance on the other. The result of such a textual analysis is clear: a city of God with a political scope cannot indeed be found in Thomas Aquinas, while the references to the City of God are simply a means for him to make use of the political thought of the Ancients, and are therefore far removed from any form of “political Augustinianism”.