La réunification ou la mémoire collective fragmentée d’une société froide

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2020

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Emmanuel Droit, « La réunification ou la mémoire collective fragmentée d’une société froide », Allemagne d'aujourd'hui, ID : 10670/1.94eiet


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Trente ans après l’entrée en vigueur du traité d’unité allemande le 3 octobre 1990, la mémoire collective du moment 1989/1990 semble plus que jamais fragmentée en milliers de petits morceaux. On peine à voir émerger une culture mémorielle partagée, en dépit des efforts volontaristes entrepris par le champ politico-médiatique de la République de Berlin. La Révolution Pacifique de 1989 et le processus démocratique d’adhésion de la RDA à la RFA n’ont pas conduit à la formation d’un « précipité mémoriel germano-allemand » au sens d’une représentation collective stable de l’événement. Un monument national à la mémoire de la réunification se fait toujours attendre.Berlin n’est pas Bonn et l’Allemagne post-Guerre froide ressemble de plus en plus sur le plan mémoriel à un champ de batailles au sein duquel cohabite une pluralité de récits produits par différents entrepreneurs de mémoire qui diffusent des représentations, des interprétations voire des contre-vérités, entre gratitude, fierté, joie, dénonciation, frustration et colère. Cet article examine la manière dont les responsables politiques de la République de Berlin ont figé très rapidement la réunification dans un méta-récit commémoratif. Or, celui-ci a suscité une forme d’indifférence en Allemagne de l’Ouest alors qu’en ex-RDA, il a été très vite mis en difficulté par l’expérience traumatisante largement partagée de la désindustrialisation, faisant de la Treuhand le mythe négatif par excellence de la réunification. Dans ce contexte, des entrepreneurs de contre-mémoire comme l’ AfD vont se saisir de ce traumatisme pour l’instrumentaliser sur le plan politique.

The reunification or the fragmented collective memory of a cold societyThirty years after that the German Unification Treaty entered into force on October 3, 1990, the collective memory of the event 1989/1990 seems to be more fragmented than ever. It is difficult to see a shared memory culture emerging despite proactive efforts led by the political elites and the media of the Berlin Republic. The Peaceful Revolution of 1989 and the democratic GDR-Entry into the Federal German Republic have not led to the formation of a “German-german memory precipitate” understood as a collective and steady representation of the event. A National monument dedicated to the memory of the reunification is still be delayed.Berlin is not Bonn and the Post-Cold War Germany looks more and more to a memory field of battle where different master narratives, produced by memory entrepreneurs, propose different or opposing representations and interpretations, between gratitude, proud, joy, denunciation, frustration and anger.This essay analyses the way political elites of the Berlin Republic quickly fixed a master narrative on the Reunification. But this representation generated indifference in West Germany and was called into question in East Germany by another representation based on the Treuhand shock that worked as negative myth of the Reunification. In this context, some radical memory entrepreneurs, such as the AfD, has exploited this traumatism for political purposes.

Zusammenfassung Die Wiedervereinigung oder das fragmentierte kollektive Gedächtnis einer kalten GesellschaftDreißig Jahre nach dem Inkrafttreten des Einheitsvertrags vom 3. Oktober 1990 scheint das kollektive Gedächtnis des Umbruchs 1989/1990 zersplitterter denn je. Eine gemeinsame Erinnerungskultur lässt sich kaum feststellen, trotz der entschlossenen Bemühungen des politischen Feldes und der Medien der Berliner Republik. Die Friedliche Revolution und der demokratische frei gewählte Beitritt der DDR zur Bundesrepublik haben nicht zur Kristallisierung eines „deutsch-deutschen Erinnerungsniederschlags“ im Sinne einer festen geteilten Repräsentation des Ereignisses geführt. Ein nationales Denkmal lässt sich seit Jahren warten.Berlin ist nicht Bonn und das Post-Cold War Deutschland sieht mehr und mehr wie ein Erinnerungsschlachtfeld aus, in dem eine Vielfalt von durch Gedächtnisunternehmer produzierten Meistererzählungen zusammenleben, die unterschiedliche bzw. gegensätzliche Repräsentationen und Interpretationen anbieten, zwischen Dankbarkeit, Stolz, Freude, Anschuldigung, Frustration und Wucht.Dieser Beitrag als „Geschichte zweiten Grades“ untersucht die Art und Weise, wie die politischen Eliten der Berliner Republik haben die Wiedervereinigung in einer Meistererzählung erstarren lassen. Diese Repräsentation hat meistens im Westdeutschland Gleichgültigkeit hervorgerufen während im Ostdeutschland die Treuhand als traumatische Erfahrung und negativer Mythos der Wiedervereinigung die Oberhand hatte. In diesem Kontext wurde die Erinnerung an die Wiedervereinigung von radikalen Gedächtnisunternehmern wie die AfD instrumentalisiert.

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