14 juin 2022
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Rahman Ullah, « Les suppressions d’emplois conduisent-elles toujours à une diminution de la capacité d’innovation des survivants ? : trois études séquentielles mettant en évidence le rôle critique des conflits interpersonnels », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10670/1.94nglm
La recherche a longtemps discuté des effets des suppressions d‘emplois sur différentes dimensions de la performance. Elle a toutefois relativement délaissé les effets des réductions d‘effectifs sur la capacité d‘innovation, notamment à l‘échelle individuelle. Or, il nous semble que ces événements critiques peuvent conduire à une augmentation de la conflictualité nuisant à la capacité des individus à innover. Ces constats nous amènent à proposer une recherche consacrée à la question suivante : Comment et quand les suppressions d‘emploi affectent-elles la performance des individus en matière d’innovation ? Pour aborder cette question, nous nous appuyons sur une étude quantitative reposant sur les données issues d‘un questionnaire adressé à des managers travaillant dans diverses organisations pakistanaises. Trois études complémentaires ont été conduites. La première examine comment et quand les suppressions d‘emplois conduisent à des conflits interpersonnels (conflits liés aux tâches, aux processus ou aux relations). Le rôle médiateur de la charge de travail et l‘effet modérateur des efforts de restructuration accompagnant les suppressions d‘emplois sont examinés. La deuxième étude prolonge la précédente et porte sur les conflits de tâches et de processus et cherche à montrer que les désaccords fonctionnels sur le travail à faire et sur la façon de le faire peuvent conduire à des conflits relationnels. Le rôle médiateur des émotions négatives et l‘effet modérateur de l‘intelligence émotionnelle sont mis en évidence. La troisième étude examine enfin la relation entre conflits interpersonnels et la performance des individus en termes d‘innovation. L‘orientation des salariés vers l‘atteinte de leurs objectifs ou vers la maîtrise de leur rôle est identifiée comme un des éléments modérateurs de cette relation. Nos résultats montrent que les réductions d‘effectifs conduisent à des conflits interpersonnels entre « les survivants » lorsque la charge de travail augmente, ce qui peut découler d‘une restructuration insuffisante de l‘organisation qui continue à fonctionner avec un effectif réduit sans avoir redéfini les tâches ou les processus. Ces conflits portant sur les tâches ou sur les processus peut générer des émotions négatives et, par suite, des conflits relationnels, particulièrement lorsque l‘intelligence émotionnelle des salariés est faible. Enfin, nous montrons que ces conflits portant sur les tâches ou les processus ou les conflits relationnels réduisent la performance des individus en termes d‘innovation, notamment lorsqu‘ils sont orientés vers l‘atteinte de résultats. Lorsqu‘ils sont focalisés vers la maîtrise de leur activité, cet effet négatif des conflits sur l‘innovation est moindre. Ces trois études empiriques confirment les jeux d‘hypothèses issues de la revue de la littérature et contribuent à une meilleure connaissance des liens entre suppressions d‘emplois, restructurations, conflits interpersonnels, émotions, intelligence émotionnelle, orientation des salariés et performances en termes d‘innovation. Ces contributions permettent de nourrir quelques recommandations sur la façon de gérer les suppressions d‘emplois en diminuant certains de leurs effets pervers.