2003
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C. Stephen Jaeger, « Irony and Role-Playing in John of Salisbury and the Becket Circle », Civilisation Médiévale, ID : 10670/1.96j7ez
Le Policraticus de Jean de Salisbury ne rejette pas plus les frivolités de la vie de cour qu’il explique comment vivre avec elles, voire comment s’y adonner avec intégrité. Cela exige une sorte de double vie entre un masque d’acceptation de ces frivolités et un royaume intérieur qui évite toute corruption par les influences du dehors. Cette position aboutit à l’ironie, erigée en modèle politique. Jean développe le principe d’après lequel «tout l’univers est une scène, dont les hommes et les femmes sont les acteurs ». Pour la plupart, ce jeu efface la réalité et fait échouer l’individu dans un monde dangeureux d’actes et de croyances. Dans ce naufrage, le Policraticus apparaît comme un manuel de survie. Il semble clair què cette attitude a été façonnée autour de Thomas Becket. Les clercs-intellectuels au service du chancelier, puis de l’archevêque, célébreront le saint comme un maître de l’ironie vécue. Thomas était « l’homme jumeau » ou « l’homme double » ; tout en semblant servir le roi à la perfection, il était le serviteur secret de l’Eglise. Notre communication analyse cette attitude rhétorique dans les lettres et autres écrits de Jean, appliquées à lui-même. Il y apparaît comme un acteur ironique sur la scène des affaires mondaines, « raillant » les voies du siècle afin de les changer, but qu’il cache derrière un visage de conformité douce et souriante.