La notion de sociabilité dans le théâtre britannique contemporain

Résumé Fr

La notion de sociabilité se situe au cœur des mouvements philosophiques, politiques et esthétiques qui ont caractérisé ce que l'on a coutume d'appeler "le deuxième âge d'or de la scène britannique", correspondant globalement à la production théâtrale de la seconde moitié du XXe siècle. Ceci d'un point de vue très concret tout d'abord, avec la mise en place, à la suite de la création du Arts Council, en 1946, des structures de financement de cette production-l'établissement de ces structures étant déjà indicatif de choix de société particuliers. Un autre aspect historique concret de la question de la sociabilité dans le contexte du théâtre britannique est la remise en question, puis l'abolition de la censure des œuvres théâtrales par le Lord Chamberlain. La notion de sociabilité marque également le théâtre britannique de cette période du point de vue des questionnements qui s'y sont exprimés, et qui, malgré leur diversité, ont néanmoins ceci de commun de revendiquer une rupture avec le consensus bourgeois de l'ère précédente (à l'immense-mais unique-exception de Shaw). Questionnement philosophique et mystique chez Beckett et Pinter ; questionnement politique chez Bond, Arden, Churchill, Griffith ; questionnement sociologique radical chez les féministes Gems, Daniels, Dowie, pour ne citer que les interrogations les plus larges et les auteurs les plus connus. Ces questionnements trouvent naturellement leur expression dans des formes dramatiques qui rompent elles aussi avec la tradition de la "pièce bien faite" : remise en cause de l'espace, du temps, du personnage, de l'accessoire, du décor, du mouvement, du verbe même, la forme (les formes !) est également le lieu de la réévaluation des rapports unissant l'individu au monde, réévaluation qui caractérise si fortement cette période de l'histoire du théâtre britannique.