The Ambiguities of Institutional Agenda-Setting for Decarbonization: the Case Study of the 'Declining Territory' of the Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais Les ambiguïtés de la mise à l'agenda institutionnelle de la décarbonation : le cas du "territoire en déclin" du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais En Fr

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26 septembre 2024

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Alix Duval et al., « Les ambiguïtés de la mise à l'agenda institutionnelle de la décarbonation : le cas du "territoire en déclin" du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.97oap9


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Résumé Fr

Le Programme et Equipements Prioritaires de Recherche (PEPR) « Soutenir l’innovation pour développer de nouveaux procédés industriels largement décarbonés » (SPLEEN) cherche à trouver des solutions et des technologies permettant à la France d’atteindre ses objectifs climatiques à horizon 2050 et de renforcer la souveraineté nationale sur les technologies de décarbonation. Financées par le PEPR SPLEEN, nos deux thèses s’inscrivent dans cette dynamique de recherche pluridisciplinaire d'exploration des implications spatiales du nouveau contexte institutionnel : la territorialisation des enjeux de décarbonation. La mise à l’agenda national et européen de ces nouveaux impératifs écologiques s’avère lourde d’implications pour nos systèmes territoriaux (carbonés) actuels et, tout particulièrement, pour ceux qui se sont structurés autour d’une longue trajectoire industrielle issue des industries de la première (charbon) et seconde (pétrole) Révolutions Industrielles. L’exploration des implications territoriales de cette nouvelle actualité institutionnelle implique donc de présenter le « spectre » de la décarbonation et d’en proposer une définition, en vue d’appréhender les enjeux de son inscription dans la trajectoire de territoires d’ores et déjà confrontés aux enjeux de résilience posés par un long processus de fragilisation de leurs activités industrielles carbonées (désindustrialisation). Nous sommes d’avis de définir la décarbonation comme une notion englobant les politiques et mesures qui visent à réduire l’empreinte carbone de nos activités et à surmonter le « carbon lock-in » (Unruh, 2000, 2002). En effet, en fonction des choix réalisés par les acteurs publics, l’ampleur des changements nécessaires à la transition et à la décarbonation va varier. Ces choix peuvent être bien différents en fonction de s’ils tendent vers une transition énergétique faible ou forte (Duruisseau, 2016). A l’instar de la transition énergétique bas-carbone, ce caractère « polymorphique » (Ibid.) semble pouvoir également se retrouver dans le cas de la décarbonation. En effet, bien qu’une majorité de chercheurs s’accordent à dire que la décarbonation profonde (ou deep decarbonization) sera principalement tournée vers le verdissement technologique de la production énergétique (Boone et al., 2022) (décarbonation faible), cette position est parfois considérée comme « techno-solutionniste », par ceux qui y voient avant tout un moyen de privilégier le maintien de la croissance aux enjeux multidimensionnels de sobriété (Boone et al., 2022) (décarbonation forte). Pour sa part, la Stratégie Nationale Bas Carbone 2 (SNBC 2) considère que la neutralité carbone ne pourra être atteinte qu’en mobilisant trois piliers : la réduction des émissions de GES d’origine énergétique, la réduction des émissions de GES d’origine non énergétique (efficacité carbone et changements des modes de consommation) et les puits de carbone. Ainsi, en rappelant que la sobriété est aussi un levier de décarbonation, la SNBC 2 met à l’agenda institutionnel une conception ambigüe de la notion de décarbonation, ce qui offre de nombreuses possibilités de mise en œuvre opérationnelle de celle-ci à l’échelle des territoires. Le cas d’étude du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (BM) offre, en ce sens, une perspective heuristique privilégiée. Malgré plus de 70 ans de politiques de reconversion, les différents modèles de relance conduits dans le territoire ne sont jamais vraiment parvenus à tourner la page des « séquelles du siècle noir » (Collectif C'Artouche, 2000). La prégnance territorialisée de situations de vulnérabilités exacerbées (Mortelette, 2019) témoigne, bien au contraire, d'une forme de « transition sans fin »2, c'est-à-dire d'une paralysie tenace des capacités de résilience du territoire. Ce contexte caractéristique des territoires en situation de déclin urbain (Béal, Cauchy-Duval, Rousseau, 2021) s’avère, dès lors, tout particulièrement propice à la territorialisation de la définition de la décarbonation retenue par les instances nationales. Mise en œuvre du programme régional Rev3 (2010-) en vue de « promouvoir une économie durable et connectée » ; mise en récit d’un « développement économique équilibré » (« éco-transition ») par le Pôle Métropolitain de l’Artois; projet de territoire de la CABBALR, « ’L'Agglo 100% durable’ économiquement, écologiquement et socialement » … La mise à l’agenda institutionnel de la décarbonation est appréhendée, par les différents acteurs du territoire, comme une nouvelle « fenêtre d'opportunité » (Moatty et al., 2021) permettant de définir un nouveau modèle novateur de « développement territorial » (Edelblutte, 2015). Or, bien que celui-ci soit encore en cours de structuration, une même tension fondamentale apparaît, dans chacun de ces dispositifs, derrière la volonté partagée de systématiquement y associer : l’adaptation des systèmes territoriaux aux enjeux de sobriété (foncière, énergétique, etc.) à la revitalisation économique des systèmes productifs locaux (créateurs de richesse et d’emplois à l’échelle locale). Cette transcription territorialisée des ambiguïtés du modèle de décarbonation défini à l’échelle nationale soulève, toutefois, plusieurs enjeux cruciaux au vu de « l’instrumentalisation » de l’héritage minier, à des fins de redéveloppement économique (« effet Bilbao »), qui a été précédemment faite au cours de la « reconversion par la culture » du territoire (Mortelette, 2019). Cette observation ouvre donc sur le risque d’un « greenwashing » territorial produisant une situation « lose-lose » d’altération des objectifs nationaux (déjà faibles) de soutenabilité et de maintien des situations de vulnérabilité, plus largement, exemplaires de celles observables dans les « territoires en déclin » (Béal, Cauchy-Duval, Rousseau, 2021). Ainsi, il s’avère essentiel d’appréhender l’opérationnalisation effective des choix nationaux de décarbonation à l’aune de leur inscription dans les pratiques d’ingénierie et les processus de recomposition territoriale spécifiques à la trajectoire de chaque territoire. Nous proposons donc ici de vous présenter la démarche de recherche géographique que nous conduisons mutuellement dans le cadre du PEPR Spleen. A cette fin, Alix Duval (Université de Pau) commencera par présenter la définition de la décarbonation, un axe central de sa thèse, qui offre un état des lieux des enjeux et des potentialités de la décarbonation. Cette première contextualisation conceptuelle et institutionnelle sera l’occasion, pour Dorian Maillard (Université de Lorraine), de revenir sur le premier axe de sa thèse visant à analyser la conduite actuelle des projets de décarbonation menés dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, à l’aune des analyses consacrées aux précédents modèles de relance conduits au cours de la reconversion post-minière du territoire. La mise en résonance de cet état des lieux de la littérature scientifique avec ses premiers résultats d’entretiens et d’observations de terrain lui permettra d’apporter une première proposition de réponse à l’enjeu de recherche précédemment explicité (« greenwashing territorial ») et d’ouvrir des pistes de réflexion sur la mise en œuvre opérationnelle d’une « décarbonation forte ».

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