1991
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Bernard Eme et al., « Solidarité et entreprises insérantes. Évaluation socio-économique de l’action expérimentale GIEPP », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.992cac...
Commandée par le Ministère du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, cette étude de l’action expérimentale menée sur le Nord-Pas-de-Calais par le Groupement pour l’Initiative et l’Elaboration de Projets Professionnels (GIEPP) dont le siège est basé à Lille s’inscrit dans une suite d’études du CRIDA sur les organisations économiques d’insertion, en particulier les entreprises d’insertion et les associations intermédiaires, et les dispositifs d’insertion économique et sociale (du type DSQ). Dans le cadre de cette action expérimentale, il s’agissait pour le GIEPP de mettre en oeuvre un système inter-organisationnel et solidaire permet- tant la création et la pérennisation d’entreprises “insérantes”, c’est-à- dire d’entreprises n’ayant pas de statut spécifique - type entreprises d’insertion - mais qui, par la collaboration de cadres-formateurs créateurs de ces entreprises et de chômeurs en difficulté, ont pour objet social la formation professionnelle de ces chômeurs et la création d’emplois pérennes pour ceux-ci au sein des entreprises créées. Elles diffèrent donc des entreprises d’insertion qui ont pour objectif général de permettre à des chômeurs peu ou pas qualifiés de se former pendant une période limitée et en situation réelle de travail afin d’obtenir un emploi sur le marché du travail. Compte tenu des moyens impartis à cette étude, celle-ci ne pouvait être conçue comme une étude “lourde” et approfondir en particulier l’évaluation de l’ensemble des moyens mis en oeuvre pour atteindre les objectifs assignés à cette action expérimentale ; de même, il ne s’agissait pas de problématiser la notion d’insertion qui se trouve au coeur de l’action : ce travail qui interrogerait le “bien-fondé” (le fondement) de toute organisation économique d’insertion comme de tout dispositif d’insertion devra un jour être réalisé par leur mise en perspective historique et problématique - entreprises d’insertion, associations intermédiaires, entreprises insérantes, régies de quartier, RMI, etc. - afin de dépasser les limites des évaluations monographiques internes. Et, en cela, il sera aussi nécessaire d’interroger la construction économique, sociale et culturelle des formes d’exclusion. Réalisée par des membres de l’équipe CRIDA - Karim Haddab, Laurent Gardin, Bérangère Regnault, Bernard Eme - sous la direction de ce dernier, cette étude se présente à travers trois parties : — la première interroge le cadre de l’action expérimentale, ses origines, hypothèses, objectifs et moyens et présente six entreprises insérantes ; — la deuxième questionne les résultats de l’action - au deux tiers de la durée prévue pour celle-ci - en termes d’insertion professionnelle (formation professionnelle et création d’emplois), de moyens socio-organisationnels (entreprises insérantes et système organisationnel de soutien et de relations mis en oeuvre pour et entre ces entreprises) en tentant d’en formaliser les acquis et les faiblesses ; — la troisième porte sur l’évaluation financière et des entreprises insérantes et du système interorganisationnel qui les lie par un ensemble de conventions régulant les flux financiers provenant du FSE et des institutions françaises ; — enfin, la conclusion tente d’éclairer le processus global de régulation de l’action pour évaluer ses possibilités de reproduction sur d’autres espaces et, donc, interroger le statut de l’expérimental par rapport à ses contingences internes comme externes (en particulier, les normes des actions politico-administratives) et par rapport à une finalité de généralisation de ce type d’action. D’autre part, on trouvera en annexe des axes de propositions permettant à notre avis une amélioration des outils mis en place par le GIEPP tout en renforçant la visée solidaire du dispositif. La “dérive” possible du GIEPP vers une réponse pour une grande part technique à la demande d’entreprises ou d’administrations nous paraîtrait occulter tout le potentiel innovant de l’idée mise en oeuvre : la concrétisation du moteur des valeurs de solidarité à travers un système inter-organisationnel (association de chômeurs et de cadres pour la création d’entreprises dans un cadre interentreprises avec l’appui d’une structure d’impulsion, de conseil et de suivi). Si le processus de régulation de ce système nous semble poser problème, ce n’est pas les fondements même du système qui se trouvent atteints par notre critique.