2024
Cairn
Pascal Bastien, « De quoi les émeutes Réveillon sont-elles le nom ? Les revendications d’un peuple en colère », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.99e6c5...
Les 27 et 28 avril 1789, des émeutes bousculèrent Paris en ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Réveillon. Une foule de Parisiens cherchèrent alors à assiéger puis saccager la manufacture de papier peint de Jean-Baptiste Réveillon, établie dans le faubourg Saint-Antoine dans l’est de la capitale, pour se venger des paroles que celui-ci aurait prononcées à l’égard des ouvriers. Or, parce que la reconstitution de l’événement s’est toujours inscrite dans son immédiateté, sans considérer sa durée au-delà des désordres qui l’ont fait connaître, l’affaire Réveillon se trouve tantôt rangée parmi les émeutes de subsistance d’Ancien Régime, tantôt précocement qualifiée de révolte ouvrière annonciatrice des luttes populaires à venir. Cet article voudrait revisiter ces émeutes en les interrogeant à la lumière des frustrations de la décennie. Ainsi devient-il possible de lire l’affaire Réveillon, non comme une colère contre le prix du pain ou le pouvoir d’achat, mais contre le tiers état lui-même.