4 juin 2009
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Claudia S. Bianchini et al., « Analyse comparative de signes LSF et LIS et de gestes français sélectionnés dans des recueils destinés au grand public », HAL-SHS : linguistique, ID : 10.13140/RG.2.1.1164.7846
Dans ce travail sont examinés des recueils de signes et de gestes, disponibles sur internet ou dans les librairies, et qui peuvent être utilisés aussi bien par les « profanes » que par les chercheurs. Par le passé, ces recueils étaient exclusivement en version papier [Anon., 1970; Calbris et al., 1986; Caradec et Cousin, 2005; Girod, 1997; Poggi et Magno Caldognetto, 1997; Radutzky, 2001] et, pour passer d’un geste ou d'un signe en 4D (les dimensions de l’espace plus la dimension temporelle) à une représentation en 2D, on utilisait souvent des illustrations statiques (dessins ou photographies) ou « pseudo-dynamiques » (dessins « fléchés »). Ces images sont faciles à lire pour tout le monde, mais la simplification nécessaire à leur réalisation comporte irrémédiablement une perte d’informations. Cette perte, qui concerne surtout les composantes non manuelles (CNM) et les mouvements, rend difficile la réalisation de comparaisons entre gestes et signes présents dans ces recueils.L’évolution technologique à récemment porté à la création de recueils de gestes et de signes basés sur des vidéos et distribués par internet ou sur DVD; il s’agit d’une nouveauté qui semble favoriser, entre autre, la comparaison scientifique des données présentes dans ces recueils, vu que les vidéos présentent l’exécution originale du signe, sans passer par un système de représentation réductif. Théoriquement, ces vidéos devraient permettre d’exécuter « tout type d’analyse formelle du signe et du geste » mais dans la pratique, pour être utiles dans un travail de recherche, ces vidéos « à l'état brut » nécessitent souvent un traitement de transcription tout en veillant à conserver au maximum les informations concernant les composantes manuelles (CM) et les CNM.A cet effet, l'on a choisi d'utiliser le système de transcription Sign Writing (SW) [Sutton, 1995], en raison d'une série d'avantages non présents dans d’autres systèmes de transcription : il permet de transposer en 2D les CM (configuration, orientation, emplacement et mouvement) et les CNM (expressions faciales, direction du regard, posture et mouvement du corps, etc.), mais aussi la vitesse d’exécution du signe et du geste; il est basé sur un ensemble défini de glyphes qui permettent de transcrire chaque aspect du signe et du geste de manière précise et fortement standardisée; il est à prévalence iconique dans la représentation et dans la disposition spatiale des glyphes, ce qui facilite la transcription et l'analyse (de détail et globale) du produit transcrit; un papier et un crayon suffisent pour la transcription sans recourir à des supports spéciaux (à l'exception du lecteur pour la vidéo à transcrire) mais il est également possible d'utiliser un logiciel spécifique (le SignWriter®) qui permet de constituer une base de données en vue du traitement automatique des informations.Pour vérifier la possibilité de réaliser “tout type d'analyse formelle du signe ou du geste”, 321 vidéos de SW ont été transcrits, répartis en trois groupes (SFR, SIT e GFR):- SFR: 107 signes standard (non composés) et de la Langue des Signes française (LSF) provenant d'un dictionnaire réalisé par l’INJS de Metz et publié on-line sur le site www.lsfdico-injsmetz.fr [Anon., 2008a];- SIT: 107 signes standard (non composés) de la Langue des Signes Italienne (LIS) provenant du DVD [Radutzky, 2008] vendu avec le dictionnaire de Radutzky [2001], considéré comme le dictionnaire de référence pour la LIS;- GFR: 107 gestes français (non composés et toujours dotés de CM) provenant d'un cours audiovisuel de gestualité française pour étudiants de français langue étrangère, disponible dans le site www.imagiers.net [Anon., 2008b].Du GFR, on a transcrit tout le matériel disponible (107 gestes transcrits sur 107 gestes présents sur le site et répondant aux caractéristiques mentionnées ci-dessus); des SFR et SIT, l'on a traduit les 107 premiers signes proposés par les dictionnaires. Il convient de noter que ces dictionnaires sont structurés selon l'ordre alphabétique des traductions de chaque signe dans les langues vocales respectives (italien pour le SIT et français pour le SFR). Le choix de transcrire les 107 premiers signes de ces dictionnaires peut donc être assimilé à une sélection randomisée dans la mesure où l'ordre alphabétique n'est absolument pas en mesure d'organiser de manière logique le lexique d'une langue non basée sur cet ordre (un tel lexique pourrait être éventuellement catalogué sur la base des configurations, des emplacements, etc. [Radutzky, 2001]).En rapprochant ces 321 transcriptions, grâce à l'iconicité caractéristique du SW qui permet d'effectuer “d'un seul coup d'œil” une analyse préliminaire, il a été possible de noter des différences sensibles concernant la présence de CNM dans SFR, SIT et GFR. L’approfondissement de cette première analyse a permis de mettre en évidence les caractéristiques suivantes dans les trois groupes:- SFR: on constate une forte présence de CNM, liées aussi bien au regard (présent dans 12% des signes transcrits) qu'à la posture du corps (8%) et à l'expression du visage; ces éléments sont importants non seulement quantitativement mais aussi qualitativement car les CNM présents sont cohérents avec le sens exprimé par le signe;- SIT: la quantité de CNM est modérée, le regard (0%) est toujours dirigé vers la caméra, le corps ne bouge pas (0%), même les expressions du visage sont réduites au minimum indispensable pour transmettre le sens; lorsqu'ils sont présents, ces CNM sont toutefois “conformes” au sens exprimé par le signe;- GFR: les CNM sont très représentées (12% pour le regard, 13% pour la posture du corps) mais contrairement à SFR et SIT, elles ne semblent pas servir de support à la transmission du sens.En conclusion, bien que le SW permette d'effectuer une transcription précise et permette de comparer les données tant dans le détail que globalement, certaines analyses comparatives ne sont pas réalisables : la cause peut se trouver dans le mode même de réalisation des recueils en question. Il manque en effet des critères lexicographiques précis sur lesquelles établir ces « dictionnaires », problème qui, entre autre, est dut à l’absence d’une forme écrite des LS.BibliographieANON. (1970): Dizionario dell'italiano parlato a gesti, Studio Grafeo, Rome: 48 p.ANON. (2008a): Web LSF Lexique, INJS Metz, http://www.lsfdico-injsmetz.fr/.ANON. (2008b): Les gestes français, http://www.imagiers.net/gestes/.CALBRIS G., MONTREDON J. & ZAU (1986): Des gestes et des mots pour le dire, Clé International, Paris: 159 p.CARADEC F. & COUSIN P. (2005): Dictionnaire des gestes, Fayard, Paris: 311 p.DI RENZO A., LAMANO L., LUCIOLI T., PENNACCHI B., PIZZUTO E., PONZO L. & ROSSINI P. (2006a): Scrivere e trascrivere il discorso segnato, dans D. FABBRETTI & E. TOMASUOLO (EDS), Scrittura e Sordità, Carocci, Rome: 159-179.DI RENZO A., LAMANO L., LUCIOLI T., PENNACCHI B. & PONZO L. (2006b): Italian Sign Language (LIS): can we write it and transcribe it with Sign Writing?, in C. 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