Zoopoétique, vivant, nature, sauvage… : mots-mania ou mots-tabous ? : Living world, Nature, Wild…: mania or taboo words? Fr En

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28 juin 2023

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Anne Simon, « Zoopoétique, vivant, nature, sauvage… : mots-mania ou mots-tabous ? », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.9ahyxv


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Un lexique, défini comme l’ensemble des mots d’une langue, ne renvoie pas simplement à leurs sens actuels. Il est bien évidemment inscrit dans la durée, plus ou moins longue et mouvementée, toujours culturelle, juridique et politique : une encyclopédie avec ses entrées dessine voire légitime un état social et symbolique à un instant T. Les mots ont donc une histoire et racontent des histoires – dont témoignent en partie les merveilleux dictionnaires étymologiques et historiques : un dictionnaire historique de la langue française tel que celui dirigé par Alain Rey produit, dans ses creux et ses pleins, un récit par fragments de notre rapport au vivant. « Nature », « naturalisme », « le vivant » (avec un article), « sauvage », « éléments », « vie », « environnement », « règnes » (protiste, fongique, archées, mais aussi minéral, végétal, animal), « bête », « animal » (au singulier), « animaux » (au pluriel), « animot », « autre-qu’humain », « plus-qu’humain », « non-humain » (avec des traits d’union), « Chamanisme », « communs », « Modernité », « Cartésianisme » et « Occident » sont quelques-uns des termes qui aujourd’hui maraudent ou s’imposent dans nos imaginaires, j’en listerai davantage tout à l’heure. Certains sont devenus des mots-tabou, d’autres des mots-mania, je reviendrai sur ce terme, qui situent leur interlocuteur dans telle ou telle contrée écologique/politique, et dans un certain rapport au présent, à la transmission et à la controverse. Nous allons examiner un ces enjeux, d’une part en revenant sur le partage politico-lexical qui semble, de façon un peu trop évidente pour être honnête, séparer un ancien et un nouvel état de la pensée et de l’action, d’autre part en examinant comment les mythes et la littérature, arts de la syntaxe, des rythmes et du temps, insufflent de l’air et parfois des tornades au sein des théories les mieux ficelées ou des mièvreries idéalistes les plus mainstream. Et si la littérature pouvait nous relier à l’adversité, qui fait partie de la vie, et à la complexité, qui fait de nous des êtres éthiquement ambivalents ? Un passage à l’action embranché sur un projet purement moraliste (pléonasme, le moralisme étant toujours pur, à la différence de la morale véritable) n’est non seulement pas viable, mais pas souhaitable : la prise en compte des zones grises, des controverses, des impératifs pluriels et pas toujours faciles à faire consonner est ce que, selon moi, la littérature peut offrir de mieux en une période où le grand partage entre le Bien et le Mal est reconduit, sous le nouvel habit du « Vivant », qui mérite bien davantage qu’une pensée-Bambi (sauf à évoquer le roman sanglant de Felix Salten).

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