2003
Cairn
Jaroslav Blaha, « Slovaquie 2002-2003 : Naissance d'un tigre centreeuropéen ? », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.9aze6f
Arrivé à son terme, le gouvernement de Mikulas Dzurinda (1998-2002), formé par une coalition entre chrétiens-démocrates et partis du centre-gauche, n’avait pas à rougir de ses résultats, malgré une politique d’austérité sévère. Le pays était par ailleurs engagé sur la voie de l’intégration dans les structures euroatlantiques en 2004. Si les élections législatives de septembre 2002 (avec un faible taux de participation) ont vu le parti de V. Meciar arriver en tête, ce dernier, se retrouva isolé et sans alliés. M. Dzurinda fut alors de nouveau chargé de former un gouvernement, coalition de centre-droit et des partis de la minorité hongroise. Le danger du retour des populistes et des nationalistes était écarté. Elle s’est lancée dans des réformes d’inspiration ultralibérale, censées donner naissance à un «petit tigre» centre-européen. L’apparente homogénéité au sein de la coalition ne dura qu’un temps, car très vite des désaccords sont apparus et de vieilles antipathies entre chrétiens-démocrates et libéraux se sont réveillées. De rudes débats sur le rôle des services secrets, de la justice, sur la réforme de la santé et de l’enseignement ou bien sur le degré de coopération avec l’Eglise catholique et le Vatican ont fait parfois vaciller le gouvernement et ont révélé l’immaturité de certains partis politiques ou le danger de ceux qui ne sont au service que d’une personne. L’embellie économique que connaît le pays depuis 2001 semble se poursuivre. La localisation géographique du pays et la force de ses secteurs manufacturiers (automobile, filière bois), auxquels s’ajoute le développement des services vont sans doute y concourir. Désormais, les privatisations ayant été rendues moins opaques, la Slovaquie figure à une bonne place pour attirer les investissements étrangers en jouant sur le faible coût de la main-d’œuvre, sa qualification et sur la fiscalité favorable aux entreprises. Mais cette prospérité attendue pourra-t-elle bénéficier aux régions orientales du pays, frappées plus que les autres par le chômage ? La population semble résignée à se «serrer encore la ceinture» et trouve, pour l’instant, un palliatif à ses difficultés dans le travail au noir.