De naître à n’être, l’écho intergénérationnel. Par l’approche du récit de vie

Résumé Fr En

Cet article s’inscrit dans un numéro de la revue qui explore la thématique de la périnatalité. Une proposition d’une vignette qui témoigne de l’histoire d’un enfant placé dès l’âge de 18 mois, après un temps de naissance douloureuse, bébé sevré brutalement de la méthadone. L’enfant a aujourd’hui 8 ans et transpire des effets de ces traumatismes périnataux mais également d’une forte soif de vivre. Le choix est fait de se projeter sur les personnages sur la base d’une approche préalable dans le monde réel de ceux-ci par l’auteure : la méthode a consisté à valoriser les liens qui sont établis chaque jour entre les expressions ou symptômes de cet enfant placé et ce qui peut être mis au travail, en douce progression, avec sa mère en particulier. Un regard sur plusieurs générations pour parler de l’enfant en particulier, par l’adresse directe à sa mère, actrice volontaire d’une approche par le récit de vie, personne en souffrance également, inscrite dans une filiation précaire et lourde de secrets de familles, teintée de souffrances en héritages. La grand-mère maternelle a également pu être entendue de son point de vue, alors que le dialogue entre les deux femmes est rompu depuis plusieurs années. L’approche intergénérationnelle paraît fondamentale dans le travail avec les familles d’enfants « placés », afin qu’elles comprennent dans quelles mailles ils sont pris, et la force résolutoire des mots mis sur les questions laissées en suspens ou contournées. Comme un gage espéré de cautérisation des plaies, voire de dégagement des process annoncés de répétitions sociales ou de fabrications de déterminants sociaux. Dans une alternance entre le style du roman social et celui de l’enquête d’investigation, nous tentons prioritairement ici une approche empathique d’individus qui sont informés de la double démarche d’accompagnement clinique de leur situation familiale et de réflexion distanciée à visée d’écriture. À l’instar de la démarche interactionniste du récit de vie, fondée sur l’immersion et l’observation participante, le propos ne peut prétendre à aucune conclusion car la démarche d’accompagnement précède et succède à la rédaction du document. Elle ne peut alors, au mieux, que valoriser quelques hypothèses de travail.

This article is part of an issue of the journal that explores the theme of perinatality. A proposal for a vignette that bears witness to the story of a child placed at the age of 18 months, 18 months after a painful birth, a baby suddenly weaned from methadone. The child is now 8 years old and is sweating from the effects of these perinatal traumas but also from a strong thirst for life. The choice is made to be able to project oneself onto the characters on the basis of a prior approach in the real world of these characters by the author: the method consisted in highlighting the links that are made every day between the expressions or symptoms of this foster child and what can be put to work, slowly progressing, with his mother in particular. A look at several generations to talk about the child in particular, by direct address to his mother, voluntary actress of an approach by the story of life, person in suffering also, registered in a precarious filiation and heavy with secrets of families, tinged with suffering as legacies. The maternal grandmother could also be heard from her point of view, while the dialogue between the two women has been broken for several years. The intergenerational approach seems fundamental in the work with the families of “placed” children, so that they understand in which meshes the children are caught, and the resolving power of the words put on the questions left in suspense or circumvented. As a hoped-for guarantee of cauterization of wounds, even of release from the announced processes of social repetitions or fabrications of social determinants. In an alternation between the style of the social novel and the investigative survey, we are primarily attempting here an empathic approach of individuals who are informed of the dual approach of clinical support for their family situation and distanced reflection with a view to ‘writing. Like the interactionist approach of the life story, based on immersion and participant observation, the subject cannot claim any conclusion because the accompaniment approach precedes and follows the writing of the document and that it can only, at best, highlight a few working hypotheses.