29 mai 2024
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Carine David, « Comprendre les sociétés ultramarines pour permettre leur développement soutenable Illustration par la crise néo-calédonienne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.9be0d6...
Les relations entre l'Etat français et les sociétés ultramarines sont complexes, empreintes des stigmates de la colonisation et enfermées dans une vision très jacobine dont les autorités étatiques peinent à s'affranchir. Les racines de l'incompréhension entre l'Etat et les sociétés ultramarines sont donc anciennes et perdurent aujourd'hui du fait d'une posture d'autant plus paternaliste et condescendante que les autorités étatiques s'en désintéressent. Cette situation a pour conséquence des prises de décision souvent en décalage avec les réalités auxquelles font face ces populations. Il en ressort des conditions de vie de plus en plus dégradées dans la plupart des collectivités, lesquelles sont pointées du doigt par nombre de rapports institutionnels ces dernières années. La combinaison de traumatismes persistants lié à la période coloniale induisant souvent une défiance à l'Etat et d'inégalités socio-économiques pérennes génèrent un contexte explosif, susceptible de s'enflammer à la moindre étincelle. Bien qu'elle répondent par ailleurs à nombre d'autres facteurs cumulatifs qui sont propres à chaque collectivité, ce contexte générique explique les nombreuses crises sociales d'une ampleur parfois importante qu'ont connu les outre-mers ces dernières années, telles que celles ayant éclatées en 2017 en Guyane, en 2009, puis en 2021 aux Antilles, ou encore depuis 2022 à Mayotte, et bien entendu en 2024 en Nouvelle-Calédonie.Ce sont donc aux racines de cette incompréhension qu'il faut s'attaquer. En effet, comprendre les sociétés ultramarines dans toutes leurs complexités mais aussi dans toute leur hétérogénéité permettrait de faire accepter la nécessité d'une évolution du cadre politicojuridique de la relation entre l'Etat et les outre-mers français. Cela permettrait d'esquisser les conditions d'une gouvernance renouvelée à même de laisser les collectivités prendre en main leur destinée pour permettre aux ultramarins de vivre plus dignement. L'enjeu est également de transmettre aux générations futures un cadre propice à un avenir décomplexé, dans une relation à l'Etat français (ré)équilibrée et ce que ce soit dans la République ou en dehors.