La création musicale féminine au tournant du XIXe et du XXe siècle

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3 décembre 2019

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Frédérick Duhautpas et al., « La création musicale féminine au tournant du XIXe et du XXe siècle », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.9bnign


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Nous nous proposons, dans le cadre de cette présentation, de porter un coup de projecteur sur la création de plusieurs musiciennes emblématiques au tournant du XIXe et du XXe siècle. Cette période est riche en renouveau dans le domaine musical et constitue un tournant important dans l’évolution des approches musicales. Mais comme bien souvent quand on porte son regard sur la contribution historique des femmes, on se rend compte que les écrits en parlent très peu et qu’elles ont bien souvent été évacuées de l’histoire. Et pourtant, dans l’histoire et, en particulier, durant cette période, un nombre important de femmes s’est consacrée à la composition. Mais quelques soient le talent et le succès rencontrés, il semble que l’historiographie les efface des récits sur la musique. Peu importe le type d'activité dans lesquelles elles sont engagées, il y a comme un processus participant à l'effacement des femmes. Et pourtant les données récoltées dans le domaine de la recherche remettent clairement en cause les discours traditionnels de la musicologie présentant l’histoire de la musique comme essentiellement ponctuée de figures masculines prestigieuses. Ce manque de visibilité est intimement lié aux représentations et aux normes patriarcales touchant au statut social des femmes et aux différences de compétences qu’on leur présupposait. Déjà, sur le plan historique, à cette époque, les femmes se trouvaient souvent assignées aux fonctions liées à la vie du foyer. L’idée d’un accomplissement personnel lié à quel qu’ambitions professionnelles ou artistiques était bien souvent hors de propos : leur fonction était d’abord d’assurer le bonheur de leur entourage. En termes d’activité sociale et mondaine, leur tâche était donc souvent d’abord de soutenir les accomplissements de leurs conjoints. Cette fonction qui leur était souvent assignée avait fatalement un impact sur la réalisation de leurs propres aspirations personnelles, pour celles qui auraient voulu se consacrer à une carrière d’artiste. Mais outre ces contraintes sociales et domestiques, l’accès des femmes aux études de composition, d’harmonie, de contrepoint ou d’orchestration a aussi souvent été entravé. Et même dans les cas où elles ont pu avoir accès à cet enseignement, les compositrices n’avaient pas le même pouvoir de promouvoir leurs musiques dans un champ dominé par la présence masculine. Outre les nombreux obstacles qu'un-e artiste doit surmonter pour faire jouer ses œuvres, bon nombre de ces compositrices devaient souvent faire face au refus des différentes institutions susceptibles de jouer ces œuvres, eu égard au “risque financier” que représentait une affiche comportant une œuvre écrite par une femme. À ces contraintes, comme évoqué plus haut, s’ajoutent la double peine de l’oubli historique, favorisé par le désintérêt des travaux historiographiques et musicologiques qui ont, pendant longtemps, ignoré leurs musiques. Tous ces éléments contextuels participent aux processus de reproduction des conditions d’invisibilisation des femmes. Fatalement quand on ne présente que de la musique d’hommes, on finit par ne porter son attention que sur ces répertoires. Dans le cadre de cette communication, nous aimerions donc esquisser un tour d’horizon de la musique de plusieurs de ces compositrices qui ont su, malgré les entraves de leur environnement, marquer les esprits et laissé une trace dans l’histoire. On s’attachera donc à explorer à travers l’exemple de leur parcours remarquables les difficultés qu’elles ont pu rencontrer pour conduire une activité de compositrice dans un contexte androcentrée peu favorable à la création des femmes. À travers l’examen de plusieurs exemples de trajectoires, notre propos sera de voir comment, malgré un contexte difficile, elles ont réussi à connaître un certain succès à différents niveaux (réception du public, critique, reconnaissance des pairs, récompenses, fans, etc.). Ce qui ne fait qu’illustrer d’autant plus la pugnacité, la détermination et l’ingéniosité de ces compositrices pour se faire connaître au regard des embûches et de la force de dissuasion des structures et des normes patriarcales qui pesaient sur elles. Ces exemples soulèvent d’autant plus la question de la nature orientée des travaux historiographiques, qui en dépit du succès de ces musiciennes de leur vivant, continuent à les occulter des récits historiques ou, du moins, à en minoriser la notabilité. Fondamentalement, ce qui nous intéresse ici, c’est donc cette question de la visibilité des compositrices à cette époque, au regard des difficultés qu’elles devaient traverser pour se faire entendre et connaître. Mais ce qui nous interpelle en particulier c’est cette pugnacité et cette volonté de fer qui les a poussées à braver ces embûches. Ces musiciennes vivaient dans une société qui n’était clairement pas favorable à leur indépendance et à leurs aspirations artistiques et professionnelles. Malgré cela, elles avaient en commun, de vouloir se battre pour faire entendre l’univers créatif qui les habitait et être reconnues en tant qu’artistes à part entière. C’est donc en quelque sorte ce fil que nous choisirons pour conduire notre présentation.

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