2024
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Sophie Wahnich, « Machiavel entre les temps », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.9c001d...
Deux questions chères à Machiavel sont intéressantes à confronter à l’imaginaire voire aux pratiques révolutionnaires. En premier lieu celle de la guerre, d’autant qu’elle consonne avec deux enjeux révolutionnaires d’importance, la vertu civique et la citoyenneté populaire. Porter les armes rend citoyen et c’est avec ces citoyens armés qu’il est possible de fabriquer une armée vertueuse et glorieuse. En second lieu celle du menu peuple et du gros peuple qui pose une question qui m’intéresse au plus haut point, celle des « humeurs » des uns et des autres ou affects ou encore émotions. Là également cela consonne avec mes enquêtes sur la dynamique émotive révolutionnaire puis in fine la lutte entre deux classes. Enfin, comme j’ai fait travailler Machiavel sur le Révolution quand les révolutionnaires ne font guère appel à lui du moins en France il me paraît important de refaire jouer ce même Machiavel médiatisé par lé Révolution française quand des acteurs populaires s’emparent de cette référence. Quand des mouvement sociaux contemporains réinvestissent l’imaginaire de la révolution, ils sont à nouveau confrontés à ces deux questions, ainsi les gilets jaunes qui trouvent l’honneur dans le désir d’en découdre et d’affronter l’Etat dans les manifestations (loin des techniques vietnamiennes) et qui affirment engager une lutte des petits --sans dents, ceux qui ne sont rien, fainéants, etc tels que le président Macron les a décrits-- contre les gros, les milliardaires, les seigneurs, les rois etc. Ce texte tente d’argumenter en faveur de ce Machiavel qui passe entre les temps.