2022
Cairn
Bruno Crevato-Selvaggi, « Les Postes européennes au Proche-Orient au XIXe siècle », Entreprises et histoire, ID : 10670/1.9c5i04
Sous l’Ancien Régime, certaines puissances européennes avaient organisé leurs propres services postaux avec Constantinople. Après l’expérience napoléonienne, surgit en Europe une nouvelle organisation des services postaux, avec un réseau de bureaux, de services et de méthodes enfin modernes, alors qu’il n’y avait pas encore de collaboration internationale rationnelle entre les différentes administrations postales. Cependant il y avait encore un grave manque de communications avec le monde ottoman, où vivaient des communautés européennes s’adonnant au commerce et ayant besoin de communications régulières et sécurisées avec l’Occident et ses marchés. Le tournant pour la création d’une infrastructure postale capable de relier l’économie des communautés européennes à l’économie occidentale résulte d’un développement technologique – c’est-à-dire la navigation à vapeur – et d’une nouvelle situation politico-militaire. De 1837 à 1914, grâce à ces conditions et au régime des capitulations, la France, l’Autriche, la Russie, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, ainsi que la Grèce, l’Égypte et la Roumanie, créèrent leurs propres bureaux postaux dans les principales villes ottomanes, qui fonctionnaient avec leurs propres règles métropolitaines, mais étaient ouverts à tous. Ces bureaux furent un outil actif d’expansion économique des communautés européennes et, surtout, de leurs liaisons commerciales avec l’économie européenne ; ils furent également un outil important pour l’expansion territoriale et financière des banques européennes et locales. Enfin, ils devinrent eux-mêmes un moteur de croissance économique et ils jouèrent aussi un considérable rôle politique comme vecteurs de prestige et d’influence.