Le lesbianisme, péril ultime pour la commission de censure du 16 juillet 1949 ? La Mauvaise conscience de Suzanne Allen & Le Chemin des écolières de Juliette Cazal

Résumé Fr

Dans l’après-guerre, l’importation de comics étatsuniens inquiète le cartel d’action morale et sociale. Il mène une campagne qui aboutit à la loi du 16 juillet 1949. Elle marque la création de la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence. Si sa surveillance se limite initialement aux parutions jeunesses, l’article 14, ajouté la même année, étend son champ d’action à l’ensemble du champ éditorial.Entre 1950 et 1953, les interdictions prononcées sont principalement à l’encontre de revues pornographiques. La Commission, avec la condamnation d’Histoire d’O de Pauline Réage en 1954, prend un tournant en se concentrant sur les monographies. Cependant, son attention est essentiellement retenue par les petites maisons d’éditions parisiennes spécialisées dans la pornographie. Ce n’est que fin 1955 que la question de condamner des ouvrages de grandes maisons d’éditions se pose. La concrétisation arrive en 1957, avec La Mauvaise conscience de Suzanne Allen (1955, Gallimard), et en 1958, pour Le Chemin des écolières de Juliette Cazal (1957, Flammarion). Ces deux romans autobiographiques narrent des amours bisexuelles ou lesbiennes.En partant des archives de la Commission, où des notes internes démontrent une condamnation spécifique du saphisme, je m’attacherai à prouver qu’exposer une autonomie des amours entre femmes était l’ultime limite, car la plus grande transgression dans la société hétéropatriarcale des années 1950.