2004
Cairn
Antonio Casilli, « « Posthumani nihil a me alienum puto »: : Le discours de l'hospitalité dans la cyberculture », Sociétés, ID : 10670/1.9d1cef
« Un voyageur solitaire vaguant dans un territoire inexploré est accueilli dans une demeure habitée par une collectivité hospitalière. Pour s’acquitter envers ses am~phitryons, il contribue à la prospérité de la maison en y consacrant un peu de son temps et de son savoir-faire. Il quitte ce lieu d’hospitalité avec un sens de reconnaissance et d’obligation. » Ce pattern narratif, présent autant dans la littérature homérique que dans le discours cyberculturel, est le sujet de cet article. Le voyageur grec et le nomade de la frontière électronique sont deux étapes du même chemin discursif, menant des naviga~tions savantes d’Ulysse jusqu’au surf informatique contemporain. Les pratiques hospita~lières annoncent, aujourd’hui comme jadis, un lien social dans des habitats informationnels. Les millions d’usagers, échangeant des fichiers dans des réseaux peer2peer ou bien pre~nant part à la vie des communautés en ligne, semblent implicitement répéter ce discours d’accueil des étrangers. En affirmant aussi que, dans le monde posthumain des machines intelligentes et des corps numériques, personne n’est étranger.