A partir du Devoir et la Grâce (Lemieux, 2009). Réflexions sur les usages de la « grammaire » dans la sociologie des pratiques morales

Résumé 0

A partir d’une discussion serrée du paradigme grammatical du Devoir et La Grâce (Lemieux 2009), cet article tente clarifier ce qui transite dans les succès de la grammaire et les conditions auxquelles cette notion peut améliorer la compréhension des rapports entre les pratiques et les règles. En suivant M. Foucault, il interroge ce que désigne ces « grammaires dédoublées ». Les règles immanentes à la pratique ou la théorie de ces pratiques ? Des modélisations indigènes ou sociologiques ? Celles des discours ou des pratiques ? Des causes critiques ou la cause de toute critique ? Il montre surtout que ces interrogations se résument ainsi : est-il pertinent de faire fonctionner ces grammaires morales sur l’exact modèle d’une grammaire linguistique et dont le sociologue est lui-même le grammairien ? Après avoir renseigné les difficultés soulevées par cette analogie incontrôlée, l’article ouvre la focale à d’autres usages de l’idée de grammaire (abrégé théorique modèle ou repoussoir, référence imagée, métaphore filée) pour compléter le tableau des terrains épistémologiques et/ou empiriques donnant consistance(s) à cette notion ambigüe et prolonger la réflexion sur différentes manières de la convertir au raisonnement sociologique. Mots clefs : épistémologie- grammaire- sociologie de la critique- sociologie critique- linguistique- métaphore- morale- règles- structure- scolastique.