2009
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Jean Hadas-Lebel, « L’œnochoé putlumza : un pocolom étrusque ? », MOM Éditions, ID : 10670/1.9e3s8a
Le mot putlumza, gravé sur le fond d’une œnochoé étrusque du début du IIIe s. av. J.-C., est le dérivé en -za d’un terme non attesté mais qu’il est aisé de reconstituer : *putlum. Ce dernier a vraisemblablement été emprunté à une langue italique, sans doute au vieux latin *pōtlom (> lat. class. pōcolom / pōculum) avec le sens de « vase à boire ». Le maintien du -t- devant le -l- prouve l’ancienneté de l’emprunt. Lorsque la mode des pocola deorum, ces vases consacrés de fabrication romaine, se diffusa en Étrurie au début du IIIe s., le vieil emprunt putlumza fut réutilisé sporadiquement avec le sens de « vase à libation » dont son correspondant latin pōcolom s’était entre-temps enrichi. C’est ainsi que le nom de putlumza fut donné à des vases comme notre œnochoé, très différents par leur forme et leurs dimensions des véritables pocola deorum, mais pourvus d’une fonction rituelle identique. La découverte, il y a peu, au Musée de Berlin, d’une œnochoé en tout point semblable aux cruchons du groupe des pocola deorum mais portant une inscription étrusque prouve toutefois que l’atelier qui produisit les pocola deorum fabriqua aussi des objets destinés au marché étrusque. En définitive, l’œnochoé putlumza mérite moins son nom, qu’elle a en quelque sorte usurpé, que l’authentique pocolom étrusque du Musée de Berlin.