2010
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Vincent Carraud, « L'invention du moi », Chaire Étienne Gilson, ID : 10670/1.9eg7aw
«Le moi» est une invention cartésienne de Pascal, qui substantive le pronom pour parler de lui comme d’un objet. Aussitôt après Pascal, l’expression prolifère ; mais la multiplication de ses emplois n’en méconnaît-elle pas la spécificité ? Car le moi n’est ni l’âme, ni la conscience, ni la personne, ni le sujet, ni même le soi. Si l’analyse de Husserl permet de rendre raison de cette décision à la fois textuelle et philosophique — le moi est le résultat d’une réduction — elle n’a pas vu que Descartes ne passe pas de la position de l’ego à sa substantialisation sans s’être demandé «qui est le moi ?». La première question cartésienne qui est posée au moi n’est donc pas la question (essentialiste) de ce qu’il est mais celle (identifiante) de savoir qui il est, question à partir de laquelle pourra se déployer l’analytique existentiale.