2021
Cairn
Abdul-Rahim Al-Shaikh, « The Parallel Human: Walid Daqqah on the 1948 Palestinian Political Prisoners », Confluences Méditerranée, ID : 10670/1.9f202l
Dans l’ère post-Oslo, lire la Palestine à travers les écrits des prisonniers ressemble à la lecture d’un électrocardiogramme. Elle reflète l’état du « corps national »- qui a été démembré et souvent remembré, au niveau de la terre, du peuple et du récit - mais elle exige également une confrontation douloureuse avec la politique de la mémoire et de l’amnésie. Cette contribution met en lumière la situation et la position de Walid Daqqah, qui passe actuellement sa 36 ème année dans une prison sioniste. S’interrogeant sur l’activité passive des esclaves au service des philosophes, Daqqah problématise la dichotomie hégélienne en soutenant que le cas est inversé en captivité. Les « gardes » israéliens vivent leur propre forme d’esclavage, non seulement dans l’horrible machine de leur régime colonial, mais aussi en « servant » les prisonniers palestiniens, ce qui leur permet de s’approprier leur temps indigène à la lisière entre le « temps parallèle » individuel et le « temps social » communautaire et régulier. Cette contribution se centre sur les prisonniers politiques palestiniens de 1948 qui ont combattu avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), puis ont été laissés seuls face à leur destin, sans tuteur politique, sous l’Autorité palestinienne (AP) post-Oslo. Le dicton de Daqqah sur la « conscience parallèle » est un outil précieux pour interroger les réalités politiques qui ont conduit à la prostration tragique des fondements nationaux palestiniens, de la « lutte armée » à la « lutte contre les armes », symptôme de la Nakba en cours. La conscience parallèle est la manière dont Daqqah décrit le temps, l’espace et les « humains parallèles » dans les limites de 1948 en général, et en particulier ceux qui sont en double captivité, entre subjectivation et contre-subjectivation, misère et espoir.