2025
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Ricardo Nogueira de Castro Monteiro, « La chanson populaire brésilienne aux temps du régime militaire : le malentendu comme forme de résistance », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.9f52dc...
Entre 1964 et 1985, le Brésil était plongé dans une période de ténèbres sous l’autoritarismed’un régime militaire. La musique populaire du pays, qui vivait encore une phaseparticulièrement florissant esthétique et politiquement, devrait se taire ou s’aliéner pour éviterune interdiction en vertu de la censure préalable des chansons – qui avait devenuecompulsoire – et/ou la prison et même torture, peut-être suivie de mort, des chansonniers.Malgré tout ça, les compositeurs ont développé une stratégie rhétorique sophistiquée pourfaire face au défi de burler le sévère contrôle des autorités et ainsi maintenir son rôle derévéler où se cachaient les chagrins sociales, morales et personnelles de son temps : l’emploisystématique du double sens. Popularisé au Brésil par son usage humoristique au début duXXème siècle, les malentendus intentionnels servirent alors pas plus pour provoquer le rire,mais pour camoufler la haine, la révolte et les cris sourds dissimulés sous la voix douce deschansonniers. Un développement originel de cette esthétique du malentendu fuit la métaphorerecourant de la liberté politique parmi de la sexuelle, en représentant fréquemment dans la vieprivée un désir de transgression amoureuse qui masquerait l’ambition muée d’une révolutionau niveau social. Dans le corpus à être discuté, une analyse de la chanson « JoannaFrancesa » (« Joanna, la française »), de Chico Buarque de Hollanda, un des plus importantsreprésentants de cette esthétique.