2004
Cairn
Frédérique Guérin, « Tadjikistan 2003 : Menaces sur la réconciliation nationale », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.9fm0ia
Les nets penchants du président Emomali Rakhmonov pour une monopolisation du pouvoir ont conduit à une remise en cause, de fait, de l'esprit des accords de paix de juin 1997 qui reposaient sur une réconciliation nationale et le respect du multipartisme que l'autoritarisme du chef de l'Etat a réduit comme peau de chagrin. Ainsi, le référendum organisé le 22 juin 2003, avec la bénédiction de la quasi-totalité de l'opposition, aboutit, grâce à plusieurs amendements à la Constitution, à permettre au Président en exercice de prolonger son mandat jusqu'en 2020. Les intimidations et la répression dont a été victime le Parti de la renaissance islamique enlèvent toute illusion sur les chances d'une démocratisation rapide de ce pays dont l'économie a affiché, en 2002 et en 2003, des résultats plutôt satisfaisants. Les progrès des productions agricole et industrielle ne sont pas cependant en mesure de retenir une population qui souffre toujours d'une très grande pauvreté. L'émigration, surtout vers la Russie, demeure un phénomène endémique que les gouvernements, tadjik comme russe, ne sont guère enclins à légaliser. Les relations entre Douchanbé et Moscou, partenaire toujours incontournable, ont été marquées par la volonté des autorités tadjikes de se ménager une relative marge de manœuvre ; l'influence croissante des Etats-Unis en Asie centrale, qui s'accompagne d'un soutien financier conséquent, ne peut, dans une région aux équilibres fragiles, les laisser indifférentes.