Les styles collectifs de pensée visuelle en sciences du langage : canons et variations

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2024

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Jacques François, « Les styles collectifs de pensée visuelle en sciences du langage : canons et variations », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.9ks1ah


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Jusqu’au début du XIXe siècle, les représentations schématiques n’ont pas trouvé de place dans les traités de grammaire. Tout au plus un format tabulaire s’était-il lentement imposé en lexicographie afin de faciliter la consultation des articles. Ce mode de représentation visuelle était étranger au « style collectif de pensée » des érudits dans le domaine des humanités. C’est l’intuition d’une analogie entre l’évolution des espèces et celle des langues qui a ouvert la voie à un style de pensée ouvert aux représentations schématiques et en premier lieu aux arbres visualisant la généalogie des langues. L’approche du raisonnement visuel, appliquée par l’immunologue polonais Ludwik Fleck à son secteur de recherche dans les années 1930, a anticipé celle de ‘paradigme scientifique’ due au sociologue de sciences Thomas Kuhn en 1962. Avec ses ‘diagrammes existentiels’, Charles Peirce a tenté sans grand écho au tournant du XXe siècle d’appliquer le « raisonnement diagrammatique » aux fondements de la logique. Ronald Langacker a eu plus de succès avec les diagrammes iconiques de sa Grammaire Cognitive un siècle plus tard. Mais c’est surtout en linguistique historique que la controverse initiée dans les années 1860 par Hugo Schuchardt sur la pertinence du Stammbaum des langues indo-européennes d’August Schleicher a eu les répercussions les plus tardives, puisqu’avec les nouveaux « arbres de consensus » de la « phylogénie des langues » les représentations arborescentes sont à nouveau à l’ordre du jour ( cf. Gray et Atkinson, 2003 ; Brown et al., 2008 ; Lipps et al., 2018 ; Heggarty et al., 2023).

Until the early 19th century, schematic representations had no place in grammar treatises. At the very most, a tabular format had slowly become the norm in lexicography, to ease browsing of entries. This mode of visual representation was foreign to the « collective style of thought » of humanities scholars. It was the intuition of an analogy between the evolution of species and that of languages that paved the way for a style of thinking open to schematic representations and, in the first instance, to trees visualizing the genealogy of languages. The visual reasoning approach, applied by Polish immunologist Ludwik Fleck to his field of research in the 1930s, anticipated that of the « scientific paradigm » coined by sociologist of science Thomas Kuhn in 1962. With his « existential diagrams », Charles Peirce tried to apply « diagrammatic reasoning » to the foundations of logic at the turn of the 20th century, but without much success. Ronald Langacker was more successful a century later with the iconic diagrams of his Cognitive Grammar. But it was above all in historical linguistics that the controversy initiated in the 1860s by Hugo Schuchardt over the relevance of August Schleicher’s Stammbaum of Indo-European languages had its latest repercussions, since with the new « consensus trees » of the « phylogeny of languages » arborescent representations are now back on the agenda ( cf. Gray et Atkinson, 2003 ; Brown et al., 2008 ; Lipps et al., 2018 ; Heggarty et al., 2023).

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