2020
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Christophe Laurelut et al., « Y a-t-il une Hauslandschaft à la fin de l’âge du Fer en Europe occidentale et centrale ? », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.9npg33
Dans cet article, nous plaidons, au-delà de la récurrence d’un type de bâtiment et de ses variantes, en faveur de l’existence d’une véritable Hauslandschaft couvrant une grande partie de la France, la moitié sud de l’Allemagne, la partie sud-ouest de la Belgique, le Luxembourg, une partie de la Suisse, puis de grandes parties de l’Autriche et de la Tchéquie. Il s’agit d’un véritable paysage culturel, partagé et vécu par toute la population de l’époque, qui avait toujours un ou plusieurs de ces bâtiments dans son champ de vision. Ce type de bâtiment, courant pendant les deux derniers siècles de notre ère, se caractérise par quatre ou six supports massifs, ou plus, qui sont entourés, quand la conservation et/ou les techniques utilisées permettent de l’observer, de systèmes de portes et/ou porches, ainsi que de traces de parois, voire de rigoles d’évacuation d’eau. On compte des milliers de cas dont seuls les supports massifs sont conservés, près de 300 cas avec portes et/ou porches et une centaine avec des (traces de) parois, même si le dépouillement est encore très lacunaire. De multiples variantes, caractérisées par des éléments pour le moins étranges, sont reconnues à travers cette vaste zone, sans qu’on puisse démontrer de réelles différences géographiques. Au contraire, dès lors que l’on dispose de multiples exemples d’une variante, celle-ci s’avère représentée à travers cette grande zone, correspondant grosso modo au domaine dit laténien. Il y a donc bien une Hauslandschaft en Europe occidentale et centrale aux derniers siècles avant notre ère. Nous soulignons également l’intérêt de l’étude de cette Hauslandschaft, notamment pour la comparer avec les deux autres Hauslandschaften bien définies, celle des Wohnstallhäuser au nord et celle des roundhouses à l’ouest. Nous rappelons aussi deux considérations plus générales. Une première concerne les politiques archéologiques menées, qui conditionnent très largement les répartitions de ces bâtiments, voire leur absence. La seconde fait appel à la responsabilité sociétale des archéologues : au-delà de l’exploitation scientifique de ces Hauslandschaften, il s’agit de les expliquer avant que ces données soient détournées à travers des théories ethniques, voire raciales, comme cela s’est déjà fait par le passé.