2008
Cairn
Jeanne-Marie Baude, « Le « travail des siècles » et le temps nouveau », Transversalités, ID : 10670/1.9o90yz
Alors que la poésie moderne dans son ensemble est glorification de l’instant, pour Jean-Pierre Lemaire, « le temps nouveau », temps pascal, irruption de l’éternel dans l’instant, est indissociable d’une durée dans laquelle s’accomplit « le travail des siècles ». On peut lire son œuvre comme une poésie d’apprentissage, et plus précisément d’apprentissage du temps, qui fonde chez lui la « conversion au réel ». Chaque poème est le lieu d’un événement, insignifiant en apparence, mais qui opère un changement, ou une métamorphose. C’est le temps de la relecture, inhérente à l’écriture poétique, qui permet de reconnaître l’action de la grâce dans le moment présent. C’est ainsi que la poésie offre au poète une « seconde chance », dans la mesure où elle donne sens au temps individuel en le reliant au temps de la création. La modernité de cette poésie de l’incarnation ainsi que sa force d’espérance résident dans les surimpressions de temps et de lieux, par lesquelles se tissent des liens entre le visible le plus quotidien et l’invisible.