Politiques d’encastrement contre la « crise des sociétés modernes » : les indicateurs sociaux à l’OCDE (1971 -1982)

Résumé Fr En

Cet article analyse la genèse, la diffusion internationale et le déclin des indicateurs sociaux, ces indicateurs alternatifs au PIB (Produit Intérieur Brut) censés mesurer la « qualité de vie », la « satisfaction au travail » ou la « qualité de l’environnement ». Il montre que ces indicateurs sont conçus, aux États-Unis et en France, comme une réponse à la « crise des sociétés modernes » liée aux « sous-produits indésirables » de la croissance économique des années 1950-60. Puis que ces indicateurs sont développés à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), avant d’être progressivement délaissés à la fin des années 1970, du fait d’une évolution des rapports de force politiques et idéologiques dans les pays les plus puissants de l’Organisation.

This article analyzes the genesis, the international dissemination of social indicators and their decline. These indicators have been conceived as a counterpart to GDP (Gross Domestic Product) and designed to measure « quality of life », « job satisfaction » or « quality of the environment ». The article shows that these indicators were conceived, in the United States and in France, as an answer to the « crisis of modern societies » that stemmed from the « undesirable by-products » of the economic growth of the 1950s and 1960s. These indicators were then developed at OECD (the Organization for Economic Cooperation and Development), before being gradually abandoned in the late 1970s, due to a shift in the political and ideological balance of power in the most powerful countries of the Organization.