Comment les logiques de proximité s’immiscent dans le déploiement de l’action publique : regards croisés sur les politiques de développement dans deux régions productrices de coca

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2024

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Romain Busnel, « Comment les logiques de proximité s’immiscent dans le déploiement de l’action publique : regards croisés sur les politiques de développement dans deux régions productrices de coca », Revue internationale de politique comparée, ID : 10670/1.9qide8


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Résumé En Fr

In Peru and Bolivia, agrarian development policies have been implemented for several decades with the aim of limiting coca cultivation, which in the regions of the Tropic of Cochabamba (Bolivia) and the Valley of the Apurimac, Ene and Mantaro Rivers (VRAEM, Peru) is mainly directed to illegal cocaine markets. However, these public policies, which are supposed to limit the drug trafficking economy, are mainly managed by the leaders of social organizations that defend the coca leaf culture in these regions. However, these public policies, which are supposed to limit the drug trafficking economy, are mainly managed by the leaders of social organizations that defend the coca leaf culture in these regions. Beyond this paradox and the perils of forms of "clientelism", this article questions how certain political exchanges impose themselves on public action and strengthen local networks, which in turn, by their proximity to the beneficiaries, partly legitimize public action in territories affected by the illegal economy. The comparison reveals two modalities of redistribution of public action: in the Bolivian region, it is a corporatist modality. Leaders are bound by the collective action of the union bases and the support of the MAS party. In the Peruvian region, it is an entrepreneurial modality. Leaders of the agricultural federation compete for the capture and distribution of public resources. These two processes have an impact on the relationship of the inhabitants to public policies and intermediaries: in their expectations of public policies, the inhabitants ask for the respect and the primacy of proximity logics, either by a reaffirmation of union autonomies in the Cochabamba Tropics, or by a form of mistrust towards the leaders in VRAEM, because of a strong political competition in a poorly transparent context.

Au Pérou et en Bolivie, des politiques de développement agricole sont mises en œuvre depuis plusieurs décennies dans le but de limiter la culture de coca qui, dans les régions du Tropique de Cochabamba (Bolivie) et la Vallée des fleuves Apurimac, Ene et Mantaro (VRAEM, Pérou), est principalement destinée aux marchés illégaux de cocaïne. Seulement, ces politiques publiques censées limiter l’économie du narcotrafic sont principalement administrées et gérées par des dirigeants d’organisations sociales de défense de la culture de la feuille. Par-delà ce paradoxe et le péril de formes de « clientélismes », cet article interroge comment certains échanges politiques s’imposent à l’action publique et viennent renforcer des réseaux locaux, qui en retour, de par leur proximité avec les bénéficiaires, influencent la réception de l’action publique dans des territoires marqués par l’économie illégale. La comparaison met au jour deux modalités de redistribution de l’action publique : dans le cas de la région bolivienne, il s’agit d’une modalité corporatiste, par laquelle les dirigeants sont tenus à l’agir collectif des bases syndicales et au soutien du parti du MAS. Dans la région péruvienne, il s’agit d’une modalité entrepreneuriale, par laquelle les dirigeants de la Fédération agricole se disputent de manière concurrentielle la captation et la distribution de ressources publiques. Ces deux processus ont des incidences sur les rapports des habitants aux politiques publiques et aux intermédiaires : dans leurs attentes à l’égard des politiques publiques, les habitants demandent le respect et la primauté de logiques de proximité, que ce soit par une réaffirmation des autonomies syndicales au Tropique, ou par une forme de défiance à l’égard des dirigeants au VRAEM, en raison d’une forte concurrence politique dans un contexte peu transparent.

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