Récents acquis sur les premiers peuplements de l'île

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9 novembre 2017

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Thomas Perrin et al., « Récents acquis sur les premiers peuplements de l'île », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.9ro29h


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Séparée du continent depuis une vingtaine de millions d’années, la Corse possède une histoire du peuplement particulière. L’hypothèse d’un peuplement dès le Pléistocène a été envisagée un temps par plusieurs auteurs, mais les indices de cette éventuelle présence humaine ancienne restent discrets, indirects et discutables. Dans l’état actuel de nos connaissances, c’est avec l’Holocène que les installations humaines deviennent plus nombreuses et mieux caractérisées. On connaît actuellement une dizaine de gisements répondant à ces périodes. Ils se regroupent en deux principaux ensembles, situés aux deux extrémités nord et sud de l’île. Les datations radiocarbone disponibles suggèrent que les plus anciennes implantations se situent à l’extrémité sud-ouest de l’île. Le site d’habitat de Punta di Caniscione ainsi que la sépulture collective de Campu Stefanu se placent en effet tous deux dans les derniers siècles du 9e millénaire avant notre ère. L’abri du Monte Leone, plus récent (entre 7800 et 6800 cal. BC environ), montre une succession d’occupations sur une longue durée, à proximité de la sépulture d’Araguina-Sennola qui date elle-aussi du milieu du 8e millénaire. Ce n’est qu’à la fin de cette période que la zone montagneuse intérieure de l’île est clairement occupée, avec la couche 7 de l’abri de Curacchiaghju. Quatre autres gisements se placent dans la partie nord de l’île, dans ou à proximité du Cap Corse (Strette, A Teppa di U Lupinu, abri de Torre d’Aquila, grotte de Gritulu). De récentes datations montrent une occupation dès la fin du 9e millénaire (Torre d’Aquila), mais l’essentiel des gisements est à situer dans le 8e millénaire. Cette hypothèse (qui reste à confirmer) d’une occupation de l’île d’abord par sa partie sud peut trouver un écho pertinent avec quelques dates anciennes de Sardaigne (Su Coloru). Quoi qu’il en soit, ces implantations semblent être restées sans lendemain, puisqu’il existe ensuite un hiatus d’au moins un millénaire avant les premières occupations néolithiques. L’absence de Second Mésolithique sur l’île reste intrigante, et il est difficile de trancher objectivement entre un manque de données et un réel abandon de l’île par ces groupes mésolithiques.Durant les huitièmes et septièmes millénaires en tous les cas, ces groupes sont bien présents et occupent des espaces variés aux deux bouts de l’île. Leur habitat semble être constitué de huttes circulaires accompagnées de structures de combustion (Punta di Caniscione), ou se situer dans des abris sous roches ou porches de grotte. Leur mode de subsistance repose, au moins en ce qui concerne les apports en viande, sur l’exploitation du petit gibier terrestre (principalement Prolagus), de poissons et de mollusques marins. Les ressources végétales sont moins connues en l’état des données. Les productions matérielles de ces groupes reposent, pour le domaine des industries lithiques, essentiellement sur l’exploitation de ressources minérales locales (microgranites, rhyolithes, quartz…). L’absence de tradition microlithique et celle de tout élément de type armature de projectile constitue un trait particulier, qui n’est pas sans rappeler les autres groupes contemporains de la moitié sud du Bassin occidental de la Méditerranée, et notamment ceux de l’Italie méridionale. Certaines pratiques funéraires (Araguina-Sennola) renvoient également vers la sphère italienne, avec des inhumations en décubitus dorsal, le corps étant recouvert d’ocre. Dans ce domaine des morts, la sépulture plurielle de Campu Stefanu constitue un uniqum à l’échelle de la Méditerranée occidentale. Bien que relativement rares, tous ces gisements témoignent d’une fréquentation apparemment stable de l’île aux 8e et 7e millénaires, rendant plus intrigante encore la disparition de toutes traces de présence humaine au millénaire suivant. Cette communication s’attachera à présenter un bilan des données sur ces premières implantations humaines en s’appuyant tant sur les données déjà acquises ainsi que sur plusieurs travaux en cours.

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