21 juin 2023
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Hugues Marie-Sosnowski, « La pensée en creux des oeuvres : les philosophes dans Paul Valéry - Paul Valéry dans quelques philosophes », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.9rq1ho
Ce mémoire porte sur l’ambiguïté du rapport de Paul Valéry aux philosophes. Distinguant l’art, orienté sur l’être à venir, de la philosophie, orientée sur l’être présent, Valéry prend le premier pour modèle de sa pratique intellectuelle, puisque ainsi guidé l’artiste ne se perd pas en fantaisies, mais se donne les moyens d’atteindre ses fins. Au contraire, le philosophe, pour qui l’évidence est le critère de la vérité, ne serait pas capable de produire ou de reproduire les objets de son attention, et ne pourrait ainsi connaître de l’intérieur leur procès de constitution. Toutefois, dans l’expérience du réveil, Valéry reconnaît la possibilité d’une vision claire, où même la conscience soit transparente à elle-même, parce que parfaitement disponible aux événements. L’évidence pourrait alors être l’accomplissement d’une recherche philosophique, dont l’efficacité serait seulement le relais ; une tentative de reproduire méthodiquement les conditions de cette clarté de la conscience. Mais dans cette tentative, Valéry ne rencontre jamais que la possibilité de celle-ci, l’accomplissement étant toujours remis à plus tard : car chaque acte de la pensée devient un terme à subsumer par un acte nouveau. La difficulté est alors de garder cette possibilité ouverte, en maintenant la pensée à l’ouvrage. La philosophie, en tant que pratique, n’y concourt pas moins que les arts et les sciences, car en posant des problèmes sans solution définitive, elle ouvre le temps infini qui est celui de l’esprit. À côté des thèses particulières aux philosophes et dont, en général, la pertinence lui importe peu, Valéry reconnaît finalement une certaine nécessité de la philosophie.