2010
Cairn
Tom van der Meer, « En quoi fait-on confiance ? Une étude multi-niveaux de la confiance dans le Parlement en guise d'évaluation des caractéristiques de l'État », Revue Internationale des Sciences Administratives, ID : 10670/1.9s9w9n
On considère un niveau de base de confiance dans le système politique comme la pierre angulaire de la démocratie moderne. En conséquence, chercheurs et politiciens sont préoccupés par les niveaux faibles ou en baisse de confiance dans les institutions politiques. Le présent article porte sur la confiance dans le Parlement. Bon nombre de théories ont été proposées pour expliquer les différences transnationales ou les évolutions longitudinales en matière de confiance, mais elles n’ont pas fait l’objet de vérifications empiriques systématiques. Le présent article a pour but de combler cette lacune théorique et empirique. Je conceptualise la confiance dans le Parlement comme l’évaluation relativement rationnelle par les citoyens de la relation État-citoyen dans le cadre de quatre aspects : la compétence, la bienveillance (« care ») intrinsèque, l’imputabilité et la fiabilité. J’établis ensuite un lien entre les caractéristiques de l’État et chacun de ces quatre aspects et me livre à des hypothèses sur leur influence potentielle sur la confiance politique. Ces hypothèses sont simultanément vérifiées dans le cadre d’une analyse multi-niveaux sur des données intégrées issues de l’Enquête sociale européenne 2002-2006. Les tests révèlent que trois facteurs expliquent très bien les différences transnationales au niveau de la confiance : la corruption, le système électoral et le type de régime antérieur. Les résultats économiques ne sont assez étrangement pas liés à la confiance dans le Parlement. Même si les analyses n’expliquent pas très bien les variations dans la confiance au fil du temps, elles permettent au moins d’écarter certaines des explications existantes. Remarques à l’intention des praticiensLe présent article décrit la mesure dans laquelle les niveaux de confiance dans le Parlement varient d’un pays à l’autre et au fil du temps et vérifie plusieurs explications aux niveaux de confiance comparativement faibles ou longitudinalement en baisse. Il offre aux praticiens une approche théorique permettant de comprendre les questions de confiance en distinguant quatre aspects dans ce domaine. Il révèle en outre que les caractéristiques objectives de l’État sont déterminantes pour expliquer les différences transnationales. Les perceptions de corruption généralisées sont le plus dommageables à la confiance dans le Parlement, tandis que le règne démocratique et le système électoral proportionnel sont bénéfiques. Tout aussi important, les résultats économiques réels ne sont pas liés à la confiance. Les structures institutionnelles qui mettent l’accent sur la bienveillance et l’intégrité s’avèrent plus bénéfiques que celles qui mettent l’accent sur la compétence et les performances.