9 novembre 2017
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Frédéric Trément et al., « Des tourbières et des mines en Haute-Combraille. Milieux naturels ou artificiels ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.9svcna
Les recherches conduites depuis 2010 sur les plateaux granitiques de la Haute-Combraille, dans l’ouest du département du Puy-de-Dôme, dans le cadre du programme MINEDOR (Caractérisation archéologique et paléo-environnementale des mines d’or arvernes de Haute-Combraille) de la MSH de Clermont-Ferrand, ont mis en évidence le rôle déterminant des exploitations minières dans le processus de turfigenèse à l’origine de la formation des tourbières. L’un des objectifs prioritaires de ce programme de recherche interdisciplinaire était de caractériser les phases d’exploitation aurifère anciennes à travers leur impact environnemental, en couplant analyses palynologiques et isotopiques d’échantillons prélevés dans des tourbières. Or il apparaît que toutes les tourbières identifiées et analysées sont étroitement connectées à des aurières, qu’elles se situent à proximité immédiate ou à l’intérieur même de ces mines dont les plus anciennes datent du Second Âge du Fer. En effet, les travaux miniers ont pour effet de désorganiser les réseaux de drainage locaux, soit volontairement pour les besoins de l’exploitation (réservoirs, laveries), soit indirectement lors de leur abandon (accumulation d’eau dans les cavités, colmatage des fossés du fait de l’érosion des haldes). Si la mise en évidence de ce phénomène a d’importantes conséquences méthodologiques (et même épistémologiques) pour les analyses paléoenvironnementales, elle ouvre aussi de nouvelles perspectives en montrant le caractère fondamentalement anthropique de bon nombre de zones humides. Du point de vue de l’histoire des paysages, le lien étroit entre mines et tourbières est un résultat dont il faudra mesurer la portée, car les tourbières, qui sont considérées comme des « milieux naturels » par excellence, à préserver pour leur ressource en eau et leur biodiversité , apparaissent ici comme la conséquence d’aménagements liés à des activités en l’occurrence très polluantes. Toutefois, elles ont pu jouer un rôle essentiel dans le piégeage des paléo-pollutions, évitant ainsi leur diffusion dans l’environnement.